L’ART ET LES ARTISTES les lis fleurissent tard, c’est signe que la vendange iminira mal… » Elles vont regarder si les choux e pomment bien… » Ailleurs encore, c’est le cheval qui traverse le paysage, un peu comme dans les légendes orien-tales, le cheval blanc qui annonce le retour du jour, ou le cheval noir qui annonce le retour de la nuit… Sur une grande route, bordée d’arbres, un paysan qui regagne sa maison, tenant par la main son enfant : Et j’tins, pareil un petit oiseau, La main dia Lisett’ dans la mienne. Ici et là, un vanneur, un vieux moulin, une gardeuse de chèvres, une maison abandonnée, une chienne, des arbres fourchus à trois branches, pareilles aux branches d’un candélabre, la barrière d’un champ, un petit chemin qui n’a pas de can-tonnier et qui se confond avec les prés, et, dans l’herbe, des fleurs, ces fleurs des quatre saisons, que l’on ramasse et dont on fera des tisanes. En marge de la broderie, il y a le symbole, le résumé vivant de la décoration, qui s’encadre de branches, de glands, de feuilles de chêne ou de lierre et même d’inscriptions : on dirait des feuilles que la brise aurait chassées et poussées là, comme par hasard, ou l’écho de paroles apportées par le vent. Et n’est-ce pas là reprendre la vieille tradition des tapisseries de Flandre, qui s’entouraient tou-jours de bordures conformes à leur décor? Toute la valeur des impressions qu’on ressent Malot Boissoltuas si l’appuie, au contact de la nature a passé dans ces composi-tions. Ce sont bien les aspects d’un coin de cam-pagne, les traînes du Berry, les scènes rustiques toutes simples; c’est la réalité, mais transposée en poésie, sans déformation toutefois; c’est la réalité composée d’éléments humbles, mais harmonisés entre eux; la terre que foulent les pieds est de la même couleur que les vêtements; les prés, découpés, ont l’air d’être les pièces d’une grande blouse raccommodée; la laine brune des labours rapproche le ton des trames et la robe des boeufs; enfin, une réalité qui peut et qui doit être comprise des paysans si, toutefois, l’on peut pénétrer dans leur âme mystérieuse. Savez-vous à quoi je pense en voyant ces tapis-series? A ces décors populaires que la princesse Ténicheff a rassemblés par milliers et qu’elle fait exécuter dans ses ateliers de Smolensk, et je crois qu’il y a là une source nouvelle et une intel-ligence parfaite de la décoration paysanne. Je pense aussi, sans doute, aux romans de George Sand, aux poèmes de Gabriel Nigond, aux contes de Hugues Lapaire, à tous ceux qui ont exprimé et continuent à exprimer l’âme berrichonne et font passer dans leur oeuvre l’odeur un peu. âcre des terres remuées à l’automne; à Fernand Maillaud, enfin, qui est mieux que tout autre l’interprète désigné pour l’expression pittoresque de cette sen-sibilité provinciale et dont Mn.’ Maillaud, j’en suis sûr, ne me reprochera pas d’avoir associé le nom à l’ceuvre dont je viens de parler. LÉANDRE VAILLAT. 341 11_ ‘,ln f•-rt-t ors4 t• LA flx…11.4 .3-^ E r 1’13 •JI,Iy.54..Ate-itt4N I 1 1,111,