L’ART ET LES ARTISTES quarante planches inspirées à Turner par les bords de la Seine, que c’est beaucoup moins le paysage proprement dit qui l’intéresse que les châteaux en le Boulevard du pauvre Croisse est inhabile auprès du Boulevard de Turner ! Dans celui-ci la dis-position savante du la perspective, des groupes, 11. 1′.R — LE 110,1-8111 1830) ruines, les ponts, les églises, et en général tout ce que ronjest convenu d’appeler « pittoresque n. On peut même affirmer qu’il n’a pas d’yeux pour la nature les ciels et les eaux ne le retiennent que s’ils encadrent un de ses motifs favoris. Parmi les charmes nombreux de la vallée de la Seine il demeurait quand méme le dessinateur antiquaire qui avait croqué tant de castels anglais, écossais ou gallois, ou le chercheur d’effets qui, systématique-ment, avait « truqué » la nature pour qu’elle portât, dans sois art, la marque indélébile de la vir-tuosité turnérienne. Cinq planches des fleuves de France sont consa-crées à Paris, parmi lesquelles un Pont-Neuf, un Marché aux Fleurs el Poni-au-Change et un Boulevard. Comme la plupart des œuvres gravées de Turner, elles dénoncent à première vue le maître virtuose du crayon, le grand metteur en page, qui, à l’aide de quelques notes, établit son motif, selon toutes les règles de l’art. Il ne saurait être question de comparer à une toile une simple vignette : osais, toutes proportions gardées, comme des personnages, des arbres détermine un effet décoratif magistral, auquel est subordonné toute la vie réelle de ce boulevard, avec ses passants, ses promeneuses, ses consommateurs assis aux ter-rasses, ses femmes et ses hommes assis, ses mar-chands, sa diligence, son cortège et ses cavaliers. Nous y saluons une science profonde du clair-obscur et des masses architectoniques, nous y admirons l’aisance parfaite, la finesse et l’élégance d’un maitre du crayon, nous y découvrons cette précision minutieuse du dessin qui enchantait Ruskin. En un mot, nous y reconnaissons le grand Turner, aussi personnel dans ses plus petites estampes que dans ses toiles. Mais comment ne pas reconnaître également, en ces planches des Meuves de Fronce, le vice capital de l’art de Turner, l’impression de froideur et d’artificialité qu’il dégage, résultat fatal d’une stylisation à outrance, d’une pratique intensive du « paysage ajusté n, cher à nos Watclet et à nos Bidault ? N’est-ce pas parce que la frémissante nature dans son immense variété était au fond indiflé-527