L’ART ET LES ARTISTES tète qui s’y trouve caché, aussi bien en pleine lumière que dans l’ombre la plus profonde, telle est l’ambition des artistes contemporains. Les qua-lités de franchise et de puissance que les jeunes artistes français n’ont jamais hésité à mettre au service de la beauté, malgré un manque apparent d’harmonie et de mystère, restent peut-être la plus belle manifestation de l’art de notre époque. Hélas, cette puissance n’a été que trop mal com-prise par la plupart de leurs disciples qui croient se dérober (n’ayant en effet rien du tout à dire), sous une apparence superficielle de force. La fran-chise, c’est l’expression directe d’une vérité; mais la franchise sans la vérité, ce n’est que de la brutalité. C’est surtout l’ampleur de l’expression, du dessin et de la couleur que nous trouvons en tout ce qu’à fait Hofmann, aussi bien dans ses tableaux que dans ses peintures décoratives et ses pastels, une grande hardiesse jointe à un sens de l’intimité qui lui reste comme un précieux héritage de ses tradi-tions allemandes. Sa force poétique lui permet de tout montrer à la lumière absolue du soleil sans quesa vision perde quoi que ce soit de son charme et de son mystère. Pour jouir des oeuvres d’art il est nécessaire de se défaire de tout préjugé, de tout penchant pour un style ou un autre. Il est malheureux que l’idée qu’il soit impossible d’apprécier les beautés d’un maître sans partager sa vision et sans posséder quelque connaissance de ses moyens techniques, ait empêché tant d’hommes de jouir d’un plaisir qui autrement aurait si naturellement touché leur coeur. Aujourd’hui, en Allemagne, les excentricités du premier venu qui se couvre les épaules d’une peau de fauve inspire plus d’enthousiasme parmi de timides amateurs mis au pas militairement par les officiers supérieurs de la critique contemporaine d’Outre-Rhin, que les beautés d’une imagination aussi puissante et originale que celle de Hofmann. Il ne manque pas pourtant d’amateurs parmi ses compatriotes. Il y a quelques années, il fut appelé auprès du duc de Weimar et c’est sur ses instances qu’il a exécuté ces décors pour le Hoftheater de Weimar, qui comptent parmi les plus belles choses qu’on ait faites depuis longtemps en Allemagne. Pour l’université d’Iéna, il n également peint des décors importants; et à un art comme le sien, si plein de noblesse et d’inspiration, on devrait recourir de partout dans son pays. Les hommes de sa taille sont rares et quand ils apparaissent parmi nous, il est fâcheux qu’on ignore leur valeur. Nous ne saurions lui témoigner une meilleure reconnaissance que celle d’exiger de lui qu’il nous donne encore ce qu’il possède de meilleur les richesses de son esprit, les ressources de sa science, les prestiges de son art. WILL ROTIIENSTEIN JEUNES HOMMES ET CHEVAUX (rAsTEL) tus