L’ART ET LES ARTISTES combattant ou se reposant sur la pelouse. C’est existe tout aussi réellement qu’un monde d’usines l’esprit de danse surtout qu’il nous suggère, une et de marchés. Il a réussi à nous imposer sa vision danse mesurée et passionnée qui a quelque chose autant par sa parfaite sincérité que par la netteté de d’étrangement religieux, comme dans l’art indien. son observation et les prestiges de son imagination xerr ARDENTE C’est cette rare puissance d’évoquer des réalités essentielles qui donne à son talent une grande importance dans l’art contemporain. La valeur unique d’une œuvre d’art réside en effet dans la passion qu’on v met, la foi intense qu’on apporte à sa vision. Si on ne la possède pas, comment peut-on espérer convaincre les autres ? L’art de Hofmann a précisément cette valeur qu’il y met tout l’amour qui lui vient de la nature et toute sa passion pour la beauté se révélant à lui. La force et la vitesse des chevaux, la chute des torrents des flancs des montagnes, l’amour de la mère pour son enfant, le rire et la fureur de l’océan, l’éternelle beauté de la jeunesse n’est-ce point là des choses d’une vérité aussi essentielle que celle des tons justes et des valeurs bien observées ? L’importance de l’oeuvre de Hofmann consiste surtout dans l’amour qu’il y a mis, présentant avec une rare précision d’interprétation mille aspects de la vie, une vie oit l’avarice et les mesquineries des hommes ne trouvent point de place, une vie qui 117 Ludwig von Hofmann naquit à Darmstadt en 1861, et fit ses premières études de peinture à Dresde, mais ce ne fut que lors de son arrivée à Paris en 1889 qu’une perception claire du but de son art commença à percer dans son esprit. Les influences qui lui indiquaient alors le chemin qu’il devait prendre plus tard étaient celles du grand maitre Puvis de Chavannes et d’Albert Besnard, et ses premiers essais lui valurent l’intérêt bienveillant de ces deux artistes. Plus tard ce fin l’art exotique de Paul Gauguin qui le frappa et l’inspira par sa robustesse et par sa naïveté voulue, et parmi ses contemporains il regardait avec une vive sympathie les efforts si intéressants et si érudits de Maurice Denis et du sculpteur Maillol. Rn Allemagne et partout d’ailleurs, les senti-ments vagues, mal compris et faiblement exprimés passent facilement pour la poésie. Mais la vraie poésie, c’est l’expression sous les formes les plus précises et les plus claires de tout ce que les hommes en général regardent comme vague et obscur. Ajouter aux formes le sentiment du mys-