L’ART ET LES ARTISTES zel s’est, à de rares exceptions, entièrement transfor-mé. Dans leur zèle d’échapper au provincialisme, les artistes allemands ont trop vite jeté leurs bons habits usés pour mettre des redingotes et des pan-talons à la mode, vêtements encore trop neufs, pas encore formés à leur habitude, venus tout faits de chez quelques marchands-snobs de Paris. Comme les jeunes gens qui abandonnent leur ■ ille de province pour venir vivre à Londres ou à Paris, à leur retour chez eux ils ne se sentent guère à l’aise parmi les leurs et ne possèdent plus le secret de communiquer quelque joie autour d’eux. rares. Le plus connu parmi ces nobles esprits est Gerhart Hauptmann, le beau poète et dramaturge. C’est d’un autre moins connu, moins apprécié, que je voudrais dire quelques mots aujourd’hui : Ludwig von Hofmann. Ludwig von Hofmann est de ceux qui, impres-sionnés par les multiples réalités de la vie, ne s’arrêtent pas pour approfondir les côtés psycholo-giques ou dramatiques de leur sujet et manquent peut-être de curiosité scientifique pour la forme et le poids des choses, mais qui nous révèlent à pro-fusion les visions fugitives qui passent constam-FEMMES AU BORD DE LA MER (PASTEL) Dans l’art robuste de Menzel et de Liebermann il persiste encore quelque chose de l’esprit sain qui animait la simple vie teutonne ; on y laboure la terre, on y forge le fer, on se promène dans les jardins publics, on s’achemine en chantant dans les bois de sapins. Pourtant la plus belle et la plus profonde création du génie allemand, l’élément Miirchen, ce monde de nains et de sorcières, de cigognes et de princesses aux couronnes d’or, de princes changés en crapauds et de joyeux tailleurs, ne se trouve plus dans leurs œuvres. Ceux qui gardent encore le timbre de cette divine chanson au fond de leur coeur deviennent de plus en plus Shealspelerit, Sluttg ,a. ment devant leurs yeux et dans leurs cerveaux. Pour ceux-là, tout imprégnés de la jeunesse du monde, émus chaque jour de la perpétuelle beauté qu’ils y trouvent, l’enregistrement, si j’ose ainsi dire, de ce qu’ils ressentaient si fort devient un besoin continuel. Ce don de passion est chose rare aujourd’hui et quand il apparait parmi nous, nous y restons le plus souvent insensibles. La tendance de notre époque va plutôt vers l’approfondissement psychologique,l’intensification de la forme et de la couleur. Celui qui tient à interpréter d’autres réalités, tout aussi vraies quoique moins objectives, ne se sent pas toujours