L’ART ET LES ARTISTES ,MATI Il. S GRI’NFAVALI) — L’ENsioeroeissiwoe,r au paysage parmi lequel il les présentait. Un très curieux portrait du cardinal Albert de Brandebourg en saint Jérôme (à Berlin) lui a fourni l’occasion de grouper au milieu d’une végétation exubérante une véritable ménagerie. Le sens panthéiste éclate dans Apollon et Diane 530), dans La Famille du Faune dans cette Vénus qui est l’âme du paysage môme. La Nymphe du Musée de Besançon ou celle de Berlin sont l’eau de la source. La charité allaite les enfants près des arbres dont les fruits nourrissent les hommes. Il n’est pas jusqu’à la plaisante Fontaine de Jouvence qui, dans la fantaisie galante, ne garde quelque signification. Sur la fin de sa vie, Cranach, par méditation personnelle ou selon le goût plus austère de son temps, renonça à ces jeux pour ne peindre plus que des tableaux édifiants. Suçanne au bain, habillée avec un luxe germanique, ne montra plus aux vieillards luxurieux que ses chevilles et ses pieds nus. Il put alors prodiguer les tons bruns rouges si particuliers, qui sont la note dominante de sa palette aussi étrange que son dessin. C’est pour avoir incarné l’esprit allemand, dans ce qu’il a de plus réfractaire au génie latin, que Cranach mérite la placeconsidérable que la tradition lui a assignée.Un de ses fils, Lucas Cranach le jeune. lui survécut. Il avait travaillé avec lui et collabora certainement à cette Allégorie de la Rédemption de Weimar (i553) où Lucas Cranach figure lui-meme au pied de la croix, à côté du Baptiste et de Luther. Il est probablement l’auteur d’oeuvres qui turent autrefois attribuées au pseudo Grünewald. Portraitiste habile, il peignit en i 556 un Baptême du Christ, placé dans un paysage panoramique, sous les yeux des seigneurs édifiés. Au début du xvr siècle sévissait encore une maladie terrible, qui a aujourd’hui totalement ‘disparu on l’appelait le mal des ardents et l’on ne sait exactement à quel groupe morbide elle appartenait. Les misérables qui en étaient atteints voyaient leur corps se couvrir de pustules et aucun remède n’était capable de les soulager ni de les 3o II wt. rte Col y■ r CHRIST préserver de la mort. Seul saint Antoine. qui avait été soumis par les démons à des tortures semblables et en avait triomphé, pouvait par son intervention lutter contre le fléau. L’ordre des Antonites distribuait donc aux ardents la consolation et l’espoir. Les Antonites avaient un couvent en haute Alsace à Isenheim et déjà Holbein le vieux et Martin &hum y avaient travaillé lorsque. dans les premières aimées du xvio siècle, Guido Guersi, supérieur de l’ordre, fit exécuter par Mathias Grünewald un magnifique polyptyque peint et sculpté. Le polyptyque d’Isenheim et le peintre qui l’avait exécuté, n’attirèrent pas l’attention publique. Les siècles passèrent, sans qu’il se trouvât un historien ou un amateur pour s’y intéresser. Puis, brusquement, il y a à peine quelques années, au Musée de Colmar où l’ouvre avait été transportée. le peintre I3oecklin. le romancier Huysmans et le poète Verhaeren reconnurent, en ces panneaux dédaignés, une oeuvre géniale. Aujourd’hui le nom de Mathias Grünewald est égalé aux plus grands. et le polyptyque disenheim est tenu pour une page capitale, exceptionnelle, de l’art allemand. Ce coup de théâtre peut aisément s’expliquer. Grünewald avait des qualités de coloriste, de visionnaire que nul ne possédait ou n’était capable de comprendre autour de lui, une originalité outrancière qui l’isole en son temps et dont notre époque seule a pu reconnaitre le prix. Qui était-il ? A vrai dire, sa vie nous reste mystérieuse. Il avait certainement médité les enseignements de Schongauer et de Dürer, mais bien que l’on ait groupé autour de son nom toute une série d’oeuvres, il reste pour nous le maître d’un ensemble unique. Guido Guersi lui avait certainement, suivant les usages du temps, tracé un programme très défini il devait donner aux ardents, comme modèles d’endurance, les supplices que subirent le Christ, saint Sébastien, et leur tracer l’exemple plus direct de la tentation de saint Antoine. Il devait, par contre, les exalter par le spectacle de la résurrection,