I,’ INDE VUE PAR M. ALBERT I3ESNARD IiEA’r li Cl: i1 r TEM-DEA, zaus SI-0 1,0 ROUTE DE IIATADER-SERI, A ADDA l’étrangeté fascinante d’un tableau comme cette Danseuse au ‘masque jaune (qui est d’ailleurs un homme grimé), et où M. Resnard. dans la frénésie d’une indication rapide et haletante, a résumé tout son génie de coloriste, et mis toute sa hardiesse de caractériste. Page admirable pour les peintres, mais tout autant pour les historiens et les poètes, par la richesse des rêves qu’elle suggère, par la sauvage beauté de ses aspects ! Et non moins admirable le surgissement. sous le soleil féroce. de ce Vieux brahmine de Madura qui s’avance. impassible, nu et blanc, sur un fond somptueux où se devine l’architecture immobile et vivante des formes d’une foule. Ce sont là. comme le faisait récemment remarquer M. Pierre Mille avec son autorité de grand voyageur et de grand écrivain, des synthèses qui. par la vertu de l’art du peintre. résument et surpassent les descriptions et les renseignements ethnologiques de bien des livres. Et dans les notes elles-mêmes de M. Besnard on ne trouve rien de pareil: l’écrivain s’est tu pour laisser agir le seul génie de la couleur, langage ici pl us efficace et plus décisif. D’autres tableaux, outre d’étonnantes esquisses comme celles du Lac d’Oudaiputrr ou de la Procession du Langar. folles de lumière et de vie — d’autres tableaux se limitent plus spécialement à l’intérêt plastique. Cc sont ceux où M. Besnard s’est plu à modeler harmonieusement les corps des Hindoues, à les montrer nues dans le Gange, à grouper en bas-reliefs polychromes les attitudes charmantes de leurs galbes graciles combien Flaubert et Delacroix eussent été heureux de certaines magnificences. de certains triomphes dont on s’émerveillera ici gestes des Femmes de Madura exaltant. pourprées et dorées dans le soleil. les vases soulevés par leurs bras parfaits, danseuses de Tanjore mimant avec une fureur silen-cieuse on ne sait quel rite mil !chaire, ou s’épa-nouissant dans les pétales vermillonnes de leurs jupes comme d’invraisemblables fleurs. dressant des masques aux yeux enfantins et sauvages, aux narines illuminées de la scintillation d’un large anneau, femmes juchées sur des bœufs et passant dans l’éblouissante lumière qui incendie leurs