l’esprit et des yeux se de-mandant vainement que choisir dans ce inonde effarant de nouveauté, essayant d’éliminer sans rien perdre: le découra-gement enfin de sentir que quelques mois d’at-tention intense ne sont rien dans fenvisagement d’une race et d’un pars colossal. Dans cette con-fusion de sentiments et d’impressions l’artiste n’a été guidé que par Lille notion essentielle, qui était déjà en lui la com-préhension du panthéis-me, telle qu’il l’affirma jadis dans la décoration de l’amphithéRre de la Sorbon ne. C’est ce fil qui l’a dirigé dans ce labyrinthe; c’est à cette idée qu’il a de-mandé l’explication de ce qu’il voyait partout. à Kandy, à Bénarès, à Agra. à Jeypoore. à Delhi, à Oudaipour, dans les temples d’Anouradhapoura. à Madura comme à Trichinopoli. à Tanjore, à Madras ou à Hyderabad. En tous ces lieux magi-ques et mélancoliques. c’est l’idée panthéistique qu’il a retrouvée et exprimée dans les visages de ses modèles. comme il l’avait déjà exprimée sur les faces des personnages créés à Paris par son imaginations, et ainsi, tout en affrontant une civilisation inconnue. l’Européen y a vérifié ses songes, y a affermi son sentiment intérieur. Par là son voyage aux Indes n’est ni un caprice ni tus hors-d’oeuvre dans la’ vie de M. Besnard, mais une étape nécessaire, et en quelque sorte tin contrôle de soi. Cette idée avait inspiré à ce colo-riste ardent et somptueux, à ce sensualiste amoureux du faste et de la joie, ses pages graves, ses pages « pensées» autant que peintes. et aidé à la révélation des régions nos-talgiques, inquiètes et sombres de son esprit car il y a deux Besnard parallèles. et tout jugement est inexact qui ne tient compte que de cousis ris L’ART ET LES ARTISTES DANSEUR IIABILLe.. EN VENDU,. PENDANT I.ES sêrês 17(‘ I.AN,■AR, A IIYDERARAD (racer cv A LA DÉTREMPE) l’un d’eux. C’est le second qui. dans l’Inde, a pré-valu. contre l’attente de ceux qui n’espéraient que de la belle peinture écla-tante. que de beaux mi-rages chromatiques. Il a surtout pu travailler dans ‘Inde du Sud : il a expli-qué combien. au point de vue strictement pictural. celle-ci, par le violent conflit des ombres et des lumières, évoque Rem-brandt. tandis qu’au Nord s’impose le souvenir des clartés étales de Véronèse ou de Tiepolo. Toute cette exposition est dra-matique par l’évocation de Rembrandt lés tona-lités les plus brAlantes – signifient des sentiments. l’ombre y est capitale. on ne s’y arrête point aux prestiges de la couleur pour la couleur, on y est obsédé par une impres-sion toute psychologique. l’exotisme n’y est point uns vain motif de curiosité. mais une brusque révélation d’anses. On y sent que l’homme. autant que l’artiste et plus encore peut-être. a été frappé par la grandiose désespérance de ces millions de pessimistes recueillis dans l’attente du non-etre, dans le refus de la vie. et s’étant créé un univers tout de formalisme symbolique. une mysti-cité dont l’aspiration ne va point. comme celle du christianisme, vers une résurrection éternelle, mais au construire vers une dissolution infi-nitésimale. Cette croyance terrible unifie les expressions de toute cette foule pourtant divisée en castes jalouses nous ne percevons pas ici les infran-chissables orgueils. les rites qui séparent ces êtres. Ils nous appa-raissent réconciliés par la même certitude de l’anéantissement dont se repaît leur âme glaciale. I,’art moderne n’a atteint à aucun tragique supérieur à celui de quel-ques-unes de ces ligures de pleu-reuses il n’a pas davantage dépassé 8