LE MOUVEMENT A nISTIQUE A L’ÉTRANGER ORIENT Gd cc. — ADriqms. — L< rgiging Dornmrs.lacOvinÉs. — Parmi les représentants de la peinture grecque con-temporaine, Georges Jacovidès occupe, incontestablement, une des premières places. L'on peut mémo dire que cette place est la première si l'on s'en tient la peinture d l'huile, si l'on s'en tient surtout au portrait et au tableau de genre sur lesquels, depuis de nombreuses années, s'exerce le talent de l'artiste. Le grand art — comme nous avons vu en janvier dernier — mis par V. de Boccheciampi, dans ses aquarelles, au ser-vice des études analytiques des types, est également déployé par Georges Jacovidès, dans ses toiles, pour l'admi-rable construction de la figure humaine. J'eus le plaisir, en 1909, lors de mon voyage en Grèce, de visiter au Polytechnikon l'atelier de l'artiste. C'est avec une admiration initiée d'étonnement —car j'étais loin de m'attendre une renaissance artistique d'aussi rapide et rare perfection — que je m'arrêtai devant un portrait du maitre, celui de Paul Mélos, le fameux héros grec, mort en Macé-doine, en 1907. La toile appartient au Musée ethnogra-phique d'Athènes. La maitrise avec laquelle l'artiste a su, dans cette œuvre, dégager le caractère individuel du héros témoigne hautement de sa précision du trait et de sa sou-plesse de la ligne. Mais, si grande que soit la notoriété de Georges Jacovi-dès comme portraitiste, c'est à ses tableaux de genre ayant presque tous trait à l'Enfant qu'il doit l'universelle renom-mée dont il jouit en Grèce autant qu'en Allemagne. Nul, mieux que lui, n'a su décrire l'inconscience, la malice, les plaisirs, les joies, l'innocence et la méchanceté de l'âge sans pitié. Georges Jacovidès est il la Gréce ce que Jean Geof-froy est à la France le peintre des enfants. Si, pour atteindre un même but, les deux maitres emploient dans l'exécution des procédés différents, leur vision d'art est iden-tique absolument. Chez l'un comme chez l'autre, elle se puise dans l'étude de la nature et l'observation familière, et l'uncomme l'autre savent, avec une exquise sensibilité, traduire la justesse des caractères et les scènes vécues, prises sur le vif. Quelle vérité dans Le lechani Petit-Fils, une toile qui se trouve au musée de Wiesbaden. Nous assistons à la volonté autoritaire de Sa Majesté Bébé aux prises avec l'affection du grand-père, un de ses plus humbles sujets. L'enfant, un superbe bambin, est assis, à moitié nu, sur les genoux de l'aïeul. Qui sait, avec sa pantomime aine, quel plaisir irréalisable il a demandé. Et, sur le refus de l'octogénaire, le voilà qui se Liche, se débat, se dernene, pleurant, criant, gesticulant. D'une main, il frappe son front en signe de désespoir; de l'autre, il tire de toutes ses forces sur un des favoris de Palets], qu'il est parvenu à saisir. Et le pauvre vieux fait la grimace et, doucement, avec mille précautions, pour ne pas faire du mal au petit, entreprend de libérer sa barbe du mignon étau qui le fait souffrir. Non moins joli : La Première Boucle d'Oreille, tableau acquis par M. S..., un milliardaire de New-York. La toile représente le charmant supplice d'une fillette «lui, pour parer ses oreilles des premières boucles, demande leur perce-ment à la vieille grand'mère. Coucou, qui nous fait assister au jeu de cache-cache de deux ravissantes enfants se cherchant l'une l'autre derrière une grande chaise; Le Gourmand, où nous voyons un bébé, en un élan de tout son être, convoiter le beau fruit que la sceur aisée dissimule entre ses mains; Le Bain froid, qui représente la toilette matinale d'un bambin, ennemi de l'eau, et dont la nudité frissonnante subir, malgré pleurs et tres-saurs, les frictions hygiéniques; Le Conceri ilnprOViSé —appartenant au musée de peinture d'Athènes — qui montre le spectacle d'un charivari infernal, organisé par une bande de gns pour la distraction d'un superbe mioche; Le Premierami Baiser, I, Premiers Pas, Les Petites Peines, La ,Querelle enfantine — j'en passe, et des meilleures — autant de toiles, autant de chefs-d'œuvre d'un genre où l'artiste qui nous occupe est passé maitre depuis longtemps. Georges Dcovidès est né à Mityleue — l'antique Lesbos — le 11 janvier 18;3. Dés qu'il eut termine ses études encyclopédiques, il fut envoyé, par ses parents, à l'Ecole polytechnique d'Athènes, pour y suivre les cours de pein-tara et de sculpture. Il y entra en 1871 et eut le bonheur d'avoir pour premiers maitres le peintre Lytra et le sculp-teur Drossi qui, pressentant, tout de suite, la rare nature d'artiste du nouvel élève, ne lui ménagèrent pas leurs pré-cieux conseils. Le futur peintre suivit leurs leçons jusqu'en 1877, époque à laquelle il remportait le premier prix au concours général de fun d'anisée. L'année suivante, le gou-vernement hellénique l'envoyait â Munich, aus irais de l'État, compléter son éducation picturale. Cette éducation terminée, le jeune maitre ne prisse pas quitter la capitale bavaroise. Il s'y plais, il y demeure, acquérant de jour en jour une science plus grande et la renommée d'un peintre de premier ordre. Invité, en t9co, par son gouvernement, à se rendre à Athènes, il se voit, pense arrivé dans la capitale grecque, nommé directeur de la Pinacothèque nationale et professeur de peinture à l'Ecole des Beaux-Arts, postes qu'il occupe encore aujourd'hui avec la compé-tence d'un grand artiste et la courtoisie d'un homme du meilleur monde. C'est lui encore que le gouvernement hellénique a, der-nièrement, désigné pour l'organisation de la section de peinture et de sculpture grecques qui figurera à la prochaine Exposition itallennc et où se trouveront groupés les toiles et les marbres des artistes contemporains ayant concouru si brillamment à la renaissance artistique de la Gréer, à laquelle, pour sa part, Georges Jaœvidès a puissamment contribué. SUISSE T Zurichois sont justement tiers de leur nouveau Musée ou, comme ils disent plus volontiers, de leur nouvelle Maison d'art (Kitstsrharrs). Le nouvel édifice, œuvre de l'ar-chitecte Cari Moser, qui romps nettement avec les traditions ADOLPHE THALASSO. académiques dérivées de la Renaissance, est célébré par ses admirateurs connue une œuvre caractéristique du l'art archi-tectural moderne. A ceux qui jugent l'extérieur du monu-ment un peu bien sec et dur, on répond qu'il Dut attendre,