LE MOUVEMENT ARTISTIQUE A L’ÉTRANGER et volumineux chapeau à plumes, avec le curieux détail de qemplatre collée sur les tempes, que l’on retrouve dans d’autres personnages de Goya. Le meilleur des portraits de Charles IV est une véritable symphonie en rouge tom le costume du monarque est de cette couleur, sauf le grand cordon de l’ordre de Charles III, qui vient y meure une note blanche, et la figure elle-meme est fortement colorée. Quoique ces tableaux n’appartiennent pas à l’époque et à la maniere la plus parfaite de Goya, ils viennent heureusement cmpléter la série des portraits de la famille royale existante o au Prado. Lin critique espagnol, M. José de Armas, a prétendu enrichir d’autre sorte le Musée national, en endiquant pour lui la possession du véritable original de lreva Joconde de Léonard de Vinci, et, des colonnes de 111 presse madrilène, il a transporté cette thèse à celles du Nno-Yoa-Hendd, où elle a provoqué d’assez rires romrorriLes- Le Piffirart de Mon. Lise, dont il s’agit, réplique accu quelques variantes, — notamment le fond obscur, au lieu du paysage — de la Joconde du Louvre, avait, en effet, longtemps passé es Espagne pour la Joconde amlffintique, jusqu’à ce que Madrazo, dans son catalogue de 1870, l’eût ravalé au rang de simple copie, et il était resté depuis classé conniffi tcl. A l’appui de sa tentative de réhabilitation, M. de Armas n’apporte aucune preuve vraiment convaincante, puisque le fait que ce tableau provienne des collections royales, où l’on ignore à quelle date il est entré, ne suffit pas a l’authentifier, pas plus que lesanalogies assez vagues qu’il présenterait avec la description faite par Vasari du chef-d’amyre de Vinci. Par contre, la facture et l’inspiration en sont visible-ment inférieures à celles de son sosie du Louvre, et certains détails semblent méme indiquer qu’on se trouve en présence d’une copie assez postérieure à l’original, exécutée probe. blement par un artiste flamand. Quoi qu’il en soit, si plu-sieurs critiques espagnols soutiennent, par patriotisme, l’opi-nion de M. José de Armas, d’autres personnalités compétentes se refusent à la partager, et j’ai quelques raisons de croire que c’est le cas du conservateur du Prado, M. Villegas, le peintre bien connu, qui n’a nullement, comme on l’a pré-tendu, prescr it d’enlever de l’ouvre en question l’inscription copie de Léonard de Vinci » pour en reconnaitre ainsi officiellement l’authenticité, mais simplement eu vertu d’une mesure générale de classification. M. Villegas se propose d’ailleurs d’entreprendre à ce sujet une étude documentée. Cette controverse a eu pour effet de Illetre cil vedette un autre tableau de Vinci exist.t Fspagne et dûment reconnu, celui-la : la Madeleine de la chapelle du Conné-table,. a la cathédrale de Burgos. Quelques journaux ont assuré que, tandis qu’on s’efforçait d’identifier la Joconde, cc tableau aurait été subrepticement vendu é l’étranger par le chapitre diocésain et remplace par une copie plus ou moins adroite. L’alarme cée dans le monde artistique par cette information sensationnelle s’est a peu prés dissipée la suite des démentis formels télégraphiés de Burgos. Néanmoins, les auteurs de la dénonciation persistent a réclamer l’envoi d’une commission d’unqutte. Connue manifestation actuelle d’art moderne, il n’y a guère a signaler — el’ rescrrali, pour aar prochaine cor’ respondance l’exposition du peintre Edouard Morerod, qui vient de s’ouvrir à Madrid, avec u succès exceptionnel — que celle de dessins et aquarelles, à la galerie Vilches, de l’habile illustrateur loaano Sidro, dont les caricatures mon-daines rappellent le genre de Guillaume et dont les scènes populaires andalouses sont empreintes de plas d’originalité, quoique sans vigueur suffisante. J. CAUSSE. HOLLANDE A L’ÉPOQUE des étrennes, ois plutôt vers la Saint-Nicolas, on peut voir en Hollande à beaucoup de devantures de libraires, un calendrier, qui, par son nitrite artistique vrai-ment exceptionnel et son originalité, attire l’attention et laisse une impression durable. Ce calendrier, lithographié en couleurs parun artiste d’un rare talent, est en effet une pure œuvre d’art, et depuis des minées déjà, cette œuvre a obtenu un grand succès elles nous; niais elle nitrite d’être appréciée au delà des frontières pour ses qualités d’an appliqué dans le sens strict du mot. L’auteur, Tuée van Hoyterna, est loin d’étre un inconnu à l’étranger. Peintre-lithographe de grand talent, il a rem-porté des succês dans diverses expositions internationales, où ses .uvres, par leur aspect décoratif bien compris et par leurs qualités d’exécution personnelle et raffinée, ont été très remarquées depuis des années, notamment à Turin en tg.. Van Flovterna fait partie du groupe que l’on désigne chez nous sous ie nom de „jeunes„ et auquels appartiennent la plupart des artistes qui débutèrent en 188o et 1890. Mais si les Veth, Witsen, Haverman, Voerman, Derkinderen, Toorop et d’autres encore firent leurs études à l’Académie dus Beaux-Arts d’Amsterdam, alors sous la direction de l’éminent et trop modeste peintre A.., van Hoytema sc forma seul et c’est à quoi probablement il doit ses qualités individuelles. Entré d’abord dans le commerce, il quitta les affaires dès que l’occasion s’en présenta pour lui. On le chargea de dessiller les planches d’histoire naturelle, au musée de Leude. Là, il devait représenter des oiseaux, avec la plus minutieuse exactitude, et il s’exerça ainsi à observer le type et le caractère de chaque espèce, aussi bien que so coloris spécifique. Pour u. nature douée du sentiment den l’art, telle quesienne, ces études constituèrent l’exercice indispensable, comparables aux exercices de doigté des musi-ciens, et ces travaux précis et réalistes lui permirent plus tard de sacrifier les détails superflus, et d’exprimer admira-blement l’ensemble, au moyen d’un dessin synthétique quoique exact, et de couleurs simples, largement appliquées, ainsi que l’ont fait les Japonais, ces merveilleux observateurs de la nature et de la vie, et, en somme, tous les artistes primitifs et sincères. Non sans luttes, van Hoytenta parvint à devenir l’artiste indépendant qu’il voulait etre. Il débuta par des livres d’étrennes, pour enfants, des contes, parfois d’Andersen, dont il fit lui-mente sur la pierre le dessin et les caracteres du texte. Ces albums attirèrent l’attention des artistes, des connaisseurs et du public. Puis il fit de grandes estampes, DindonInori, Hérons blancs, ctc., importantes et rets indivi-duelles lithographies, d’un faire raffiné, très cuisiné, mélange de lavis, de dessins à la plume, de crayon gras et de grat-tages, auen duquel l’artiste atteintdes gris, des tons rompus, subtils, perlés, d’un charme extrème et fort rare en lithographie, et ries colorations atténuées, rouges éteints,