L’ART ET LES ARTISTES WALDRAFF — L’HIVE vu des oeuvres qui, séparées, demeuraient incom-préhensibles, devenir claires, évidentes, indispen-sables parce qu’elles étaient fabriquées par des artistes différents, mais, en réalité, nés à la même époque, évoluant au milieu des mêmes besoins, des mêmes tendances. Discipline, c’est ce qui fait la force des Munichois. Le style, les styles, ne sont pas autre chose que des disciplines imposées par un homme tyrannique, mais un homme de goût, à ses contemporains. Enlevez à Lebrun sa férule, son autorité, sa puissance, et peut-être n’aurez-vous plus de style Louis XIV. Il n’y a pas de style où il y a anarchie. Donc les artistes ne sont plus en cause. Alors, pourquoi le style moderne — je n’ai pas dit le modern-style — ne se développe-t-il pas davantage, pratique-ment ? Peut-on repro-cher au public son in-différence à cet égard ? Je ne le crois pas. Et où donc le public pourrait-il, pratiquement, se ren-seigner. Le public, un certain public à moitié convaincu d’avance, vient au Pavillon de Marsais ; il admire, cri-tique, bavarde, s’en va. Mais le grand public, celui qui ignore les ex-Mn. G. LECREUX positions,legrand public CLEF DE LA SERRURE de Paris, celui de la « FEUILLE DE PERVENCHE » province, oit se rem R (GOUACHE OÉGORA,v1,) seigne-t-il ? Quand il a besoin d’un meuble, d’un mobilier, d’un objet d’art appliqué, d’art industriel, où va-t-il ? Dans les grands magasins, inutile de les nommer, mettons, si vous voulez, le Bonheur des Dames. Que de fois n’ai-je pas entendu la scène suivante. Personnages: le jeune homme, sa fiancée, la future belle-mère, le vendeur. LE VENDEUR. – VOUS désirez ? ELLE, rougissante. — Une chambre à coucher. LE VENDEUR. – Dans quel style, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI. Nous avons là un lit rocaille tout à fait délicieux ? ELLE… – Montrez-nous ce qui se fait en re moment ? Ce qui se fait en ce moulent ! Quelle phrase pro-fonde et révélatrice ! Le client est un moutons, un joli petit mouton bien frisé, à la merci du loup. Le loup en fera ce qu’il voudra. Le vendeur mon-trera sa salle à manger Henri II, son lit rocaille, son vestibule Louis XVI, et le jeune couple vieillira, et léguera à ses enfants ces meubles qui sont au Henri II, au Louis XV, au Louis XVI, ce qu’un fiacre rôdeur peut être à une calèche dessinée par Cons-tantinGuys. Supposez un instant—ce que je sup-pose tient du prodige — que le Directeur du rayon de l’ameu-blement au Bonbe,nr des Divines, au 34 W. G. LECREUX « SERRURE FEUILLE DE PERVENCHE »