l FAN ROQUE CHEVAUX A L’ABREUVOIR finage le plus significatit de la personnalité de Jean Roque. Le Portrait qu’il avait exposé au Salon dernier et qui lui a valu la bourse de voyage est conçu avec la même fougue, la même ampleur généreuse, la mème nouveauté heureuse dans la composition et la mise en place; on pourrait lui reprocher, peut-être, un peu de grandiloquence. Une sem-blable apothéose conviendrait à un écrivain ou à un artiste génial, à un orateur, à un homme d’état. Pour moi, j’attends avec impatience l’heure où Jean Roque se mesurera avec un modèle digne de son effort. Il me semble en particulier que nul ne saurait mieux que lui, aujourd’hui, par la nature de son talent, exprimer la physionomie de l’homme admirable qu’est Jean Jaurès. Les qualités éminentes que Jean Roque a déployées dans ses Salons se confirment et s’accen-tuent à qui pénètre dans son atelier. L’aptitude synthétique, le sens de la composition neuve éclatent davantage quand on les retrouve dans chacune des études, dans chacun des dessins accu-mulés. C’est là un privilège remarquable de Jean Roque. Alors que tant de peintres, et des meilleurs, sont à la merci du motif et qu’ils ont tant de peine à faire de leurs tableaux autre chose que des études agrandies, lui, dans la moindre esquisse, dans la pochade brossée en une heure, au cours d’une promenade et comme en courant, il met un instinct sûr d’unité et de rythme. Quelques barques arri-mées, un coin de carrière de pierres, des femmes assises dans une rue ensoleillée, s’ordonnent spon-tanément selon son système secret. Sans avoir rien ajouté ou retranché à la réalité, l’artiste en a dégagé la logique. Les études peintes attestent aussi les recherches de métier et les aptitudes du coloriste. C’est là un aspect de son talent que Jean Roque a quasi dissi-mulé dans ses grandes toiles tenues dans une tona-lité sombre et sourde. Les deux tableaux qui accompagnaient, en 1908 et t9o9, aux Salons, ses principaux envois, tous deux inspirés par le port de Marseille, montraient, au reste, avec évidence, à ceux qui les examinèrent que l’artiste vibrait profondément à la lainière et la couleur. Jean Roque est un digne fils de la Provence, il s’enivre de la splendeur du soleil. De son pinceau fougueux 27