L’ART ET LES ARTISTES • -vtçîee. Pbol. C. B. hile PALAIS DE MITLA races se croisèrent, où la nature reprend tout, où des bois épais recouvrent si souvent d’énormes ruines portant à leur sommet un temple du dieu catholique. Comme aux Indes, quand on monte du Sud au Nord, de l’ivresse confuse des peuples sensualistes aux conceptions spirituelles des peuples rationa-listes, ici, quand on descend du Nord au Sud on • passe par tous les degrés, des façades regorgeant de sculptures touffues aux grandes bandes horizontales • lisses ou creusées d’orhements abstraits soutenues par des colonnades et coupées en arêtes pures, aussi nues que le profil du sol. Des plaines calcaires du Yucatan aux plateaux frais du haut Mexique, on traversait des broussailles enfiévrées, grouillantes de serpents, de scorpions, d’insectes empoisonnés où l’esprit pouvait s’obscurcir de miasmes épais, l’oeil se voiler de brouillards sanglants pour fusionner les styles, imposer aux architectes les fantaisies les plus bizarres de l’orgueil théocratique, mêler l’Inde primitive, l’Europe du Nord, l’Asie et l’Amérique comme leurs mythologies s’étaient confondues et défigurées dans l’âme farouche des vieux prophètes mexicains. Rien ne peut expri-mer le trouble ardent de l’âme de ces peuples qui connaissaient l’astronomie, avaient divisé l’épopée humaine en quatre âges grandioses, les soleils d’eau, d’air, de feu, de terre, la lutte contre le déluge, le froid, la lave et la faim, chantaient les amours des volcans, adoraient le soleil, le père profond de la vie, du haut des terrasses, mais croyaient néces-saire que les murs des temples qu’ils lui élevaient fussent toujours baignés de sang humain pourris-sant sur la terre brûlante et qu’à leur faite une Pierre des Coeurs offrit aux aigles les viscères des sacrifiés (1). A Teoyaomiqui, déesse de la mort, à Huitzi-lopotcli, dieu du carnage, à Tlaloc, dieu de l’eau, des forêts, des orages, dieu qui réglait les torrents tièdes ruisselant du ciel pendant six mois, à Quetzal-cuatl, le serpent emplumé qu’adoraient déjà les Toltèques (2) auxquels les maîtres de•Tenochti-dan avaient pris l’art, le culte du soleil, la soif du sang, il fallait des cadavres frais. Pour consacrer à Tenochtitlan le temple d’Huitzilopoctli, on égor-gea quatre-vingt mille prisonniers. Le pain offert en sacrifice était pétri avec le sang des enfants et des vierges. On arrachait les coeurs pour les élever vers le dieu, on faisait savamment fuser sur son image (,) J’adresse mes plus vifs remerciements ,, M. Autititerti Gistrt, de Mexico, peur les précieus renseigitcments qu’il m’a tr0Istnis quand je ne les ai pas trouvés dans ses beaux Pur ‘nes ■■;, équ NI. 13niquer, photographe à Nlesico. a droit également à ma pro. fonde reconnaissance pour l’empressement et le désintéressement avec lesquels il m’a communiqué un grand nombre de documenta photographiques. (a) Toltèque signitie artiste s. 20