L’ART ET LES ARTISTES COSIMO ROSSELLI — ADORATION DES MAGES après, peut-être, Orcagna et les Lorenzetti, après Antonio Veneziano, après Spinelli, après cet effrayant chef-d’oeuvre, le Triomphe de la Mort, Benozzo créa, durant quinze années, la Vie de Noé, où ressuscitent en leur exquise naïveté les déco-rations païennes des catacombes, après neuf siècles, les Patriarches, le Combat de David et de Goliath, la Reine de Saba. Cet homme extraordinaire eut des disciples. Le seul qui soit à retenir est Cosimo Rosselli (1439-1507), élevé chez les Bicci, puis chez Goz-zoli, et enfin influencé sur le tard par Botticelli et Ghirlandajo. Il résume, avec des qualités indé-niables, mais sans grandeur et sans originalité, toute l’évolution de Giotto aux Cinquecentisti (fresques à l’Annunziata et à San Ambrogio, tableaux à l’Académie; Florence, fresques bibliques à la chapelle de Sixte IV, à Rome). Le parallèle entre les idéalistes, prorogés si glorieusement par Gozzoli, et les naturistes et techniciens se poursuivit par les travaux de Giu-liano Pesello (1387-1446) et de son petit-fils Pesellino (né en 1422). Ils travaillèrent ensemble, firent des recherches sur la peinture à l’huile et les vernis, imitèrent Andrea del Castagno et Lippi et poussèrent l’amour de l’étude des animaux jusqu’à entretenir à Florence une ménagerie. Bal-dovinetti (t427-1499) fut également un cher-cheur, un chimiste, un mosaïste, dont il ne reste presque rien. Les frères Pollajuoli (Antonio, 142n-1498, Piero, 1443-1496), nés à Florence et morts à Rome, furent de très beaux artistes réalistes. Antonio montre toute sa puissance dans le Saint Sébastien de la National Gallery, d’une volonté de Floserere I.es (Vin, style si intense. C’est la première peinture à la détrempe où l’on remarque les glacis à l’huile, qui allaient vraiment décider du triomphe décisif de la technique créée par Van Eyck. Piero (Cou-ronnement de la Vierge, église de Gimignano eut moins d’énergie et plus de gràce : orfèvres et sculpteurs, les Pollajuoli ont été parmi les plus robustes ouvriers qui aidèrent à l’évolution des Cinquecentisti. Mais nul d’entre eux n’assume ce rôle avec alitant de prestige qu’Andrea del Verrocchio, qu’il faut encore désigner comme un de ces directeurs supérieurs auxquels obéit toute une génération. Andrea del Verrocchio (1435-1488) est surtout un sculpteur, l’héritier de Donatello, l’auteur immortel du Cilleone de Venise. C’est un fondeur, un ciseleur, un orfèvre, un mathématicien, un musi-cien male; il dessine beaucoup plus qu’il ne peint. Il entreprend beaucoup et achève peu, parce que la puissance d’imagination et la volonté de perfection luttent en lui. Mais ses dessins, ses croquis, consti-tuant un type florentin définitif, exercent sur son époque l’influence la plus profonde : Léonard y est en puissance. Si la célèbre Frise de Combattants titis a disparu, une œuvre à l’Académie de Florence: le Bapténte du Christ, suffit à nous dire ce que valut, comme coloriste, comme peintre d’expression, le grandiose modeleur du Colleone. Dans son atelier se forment Léonard, dont je parlerai ultérieure-ment, Pérugin, qu’on retrouvera dans le chapitre relatif à l’école ombrienne, et enfin Lorenzo di Credi (1.159-1537), auquel il n’a manqué que d’avoir moins de scrupule et de fidélité envers son maitre pour être, lui aussi, un grand maitre. Colo-