LA PEINTURE Tout le xi,’ siècle pictural, tout en considérant toujours la foi et son illustration comme un thème capital, est une étude technique dont ce thème deviendra de plus en plus le prétexte, et non plus le but unique. Ainsi s’est constituée la conception de l’art moderne. Mais le désir de vérité, d’analyse rigoureuse des Quattrocentisti ne correspond nullement à notre réalisme; Bart, la beauté, prennent place en leur pensée à côté de l’idéalisme mystique, sans l’exclure, pour le servir, au contraire, plus fortement que jadis. Les Quattrocentistes sont des idéalistes tout aussi ITALIENNE méditante et soufrante; Giotto crée la peinture militante, que continuent les Quattrocentisti, et Léonard, Michel-Ange, Raphaêl, institueront l’Eglise de la peinture triomphante. Le premier qui pressentit l’évolution, ce fut, au seuil du xivii siècle, ffiarnina, élève d’Antonio Veneziano (fresques à la cathédrale de Prato). Mais l’iige nouveau fut vraiment inauguré par deux très grands artistes : Gentile da Fabriano (1370-145o) et Vittore Pisano, dit Pisanello (138o-1456), qui ne naquirent pas à Florence, niais y puisèrent l’inspiration qu’ils propagèrent GENTILE DA FABRIANO — 4.4DoitArios DES MAGES fervents que les giottesques; niais ils se proposent, par l’évolution naturelle du siècle, des problèmes techniques beaucoup plus complexes, et ils les résolvent pour préparer des voies plus larges encore à l’avenir. Ce n’est qu’après eux que la résurrection du paganisme, la décadence de la foi, donneront à la technique une importance et une séduction si excessives que la haute virtuosité supplantera le symbole et l’idée pure, et que le mérite de l’ouvrier « usurpera les hommages divins à dûs a l’inspiration. Née de et pour la foi, la peinture chrétienne a, comme elle, ses trois Eglises : du au siècle, c’est la peinture 9 ensuite en Ombrie et en Vénétie. Gentile travailla à Brescia, à Venise (au palais ducal), avec Jacopo Bellini, puis à Florence vers 1425, à Sienne, à Orvieto, et enfin à Rome. Sa vie fut heureuse et il fut un artiste de luxe, de charme, de grâce vivante, mêlant l’or à la couleur et dessillant avec une élégance délicieuse. De son oeuvre disparue, L’Adorailon des Mages, qui demeure à l’Académie de Florence, suffit à témoigner la beauté : c’est un des purs joyaux de l’an italien. Gentile annonce directement Gozzoli et Fra Angelico. A Venise et à Rome, il eut pour colla-borateur Pisanello, de Vérone; de celui-là aussi