LA PEINTURE ITALIENNE Pour en venir à Cimabue, que de souffrances, que d’échecs, que d’efforts contradictoires, quelle douloureuse gestation du germe enfoui sous le sol saturé de sang! Toute l’histoire de cet art sublime se confond avec l’histoire de ces naïves et pieuses peintures décorant les cryptes où dormaient les martyrs — et c’est leur :ne Jean de Latran ; en 1501, le palais du podestat de Florence; en 1303, il fut à Padoue, où Dante, exilé, le rejoignit, et d’où ils partirent ensemble à Gérone. Ferrare, Ravenne, Pise, Arezzo, Milan, Crbin, Rome, Naples le virent. Puis il, revint à Florence, pour dessiner le cam-panile, et en modeler les ornements. Il en iftePferMillgfflIfflà .s, ,11M11111n ■ ‘■ DUCCIO DI BUONI `■rI; A LA MADONE ET L’ENFANT JÉSUS AVEC DES SAINTS SUR LES CÔTÉS (.151.) qui a mis neuf siècles à percer cette couche de terre pour se révéler, pour incarner son miracle de dou-ceur et d’extase dans les corps des Trecentisti. GIOTTO ET SON ÉCOLE Giotto (Ambrogio di Bondone, surnommé Ambrogiotto et par abréviation Giotto) naquit à Vespignano, près de Florence, en 1276. Cimabue, d’après la légende, le vit dessiner sur une pierre une des chèvres de son troupeau, l’emmena, l’ins-truisit. A vingt ans, Giotto continuait les peintures de son maître à l’église d’Assise et y rompait si délibérément avec le formalisme byzantin dont Cimabue s’était déjà écarté timidement, qu’il était salué comme un génie libérateur, un de ces hommes en qui se coagulent brusquement les aspi-rations d’une race et d’urne époque. Toute l’Italie le rechercha. Architecte, sculpteur, peintre, il tra-vailla et agit pendant quarante ans, non seulement un créant, mais encore en suscitant partout l’en-thousiasme, en véritable fondateur et prophète d’une religion nouvelle. En 1298, à Rome, il décora l’abside de Saint-Pierre; en 13mo, Saint-vit les premières assises avant de mourir, le 8 lan-cier 1337. Le trait capital du génie de cet homme extraor-dinaire, c’est l’amour de la vie et le culte de la nature, poussés d’un seul élan de son âme a né degré qui n’a êté dépassé par personne. Il n’existe peut-être pas d’exemple d’une entrée accomplie avec lote décision si superbe dans un domaine inconnu. Evidem ment, les Cosmati, Duccio, Cima-bue, et Parallèlement, les imagiers français avaient pressenti cette terre promise; mais c’est Giotto qui s’y est avancé d’emblée, réinventant l’art antique, le reliant à la foi, s’égalant par son tendre et énergique génie à saint François d’Assise. C’est bien à Assise qu’il faut le voir avant tout : là, dans cette série de vingt-huit compositions, il s’est identifié au saint dont il retraçait la Vie. C’est la première fois qu’un peintre a créé des scènes presque contemporaines d’après des principes d’observation directe, magni-fiée par le sentiment. Douze ans plus tard, il reve-nait à cette male église et y ajoutait les quatre compositions du Triomphe de la Chasteté, du Triomphe de la Pauvreté, du Triomphe de l’Obéis-sance et de la Glorification de saint Franeois, mo-