ABRAHAM RECEVANT s. r r I r VII 1,11 LA PEINTURE ITALIENNE CAMILLE MAUCLAIR n’EST sous la terre que la peinture italienne est née — parmi les sépulcres des martyrs innombrables, dans les catacombes décorées de pieuses et naïves peintures. L’art chrétien est apparu dans ces ténèbres avec la foi chrétienne. Là, les mythes païens et les mythes bibliques et évangéliques se sont miles dans une expression spiritualiste si pure, si tou-chante par sa gaucherie mime que, après neuf siècles d’oubli, les Giotto et les Fra Angelico n’ont – fait que ressusciter au jour les créations enfouies par d’humbles anonymes et unir, à leur tour, l’art antique à l’art chrétien. Ces anonymes sont les véritables Primitifs. Au iv. siècle, après la reconnaissance du chris-tianisme par Constantin, en 313, ces artistes fur-tifs eurent le droit de travailler librement. Mais la foi, reconnue, affirma aussitôt son autorité dogma-tique; la tradition décorative antique qui inspirait ces humbles ouvriers fut bannie, l’imagination ornementale, de source toute païenne, s’affaiblit, l’exécution dégénéra. L’Art fut limité à l’illustration littérale du dogme, qui restait, dans ce chaos, le seul ralliement et la seule discipline morale. A Ravenne, où Honorius avait transporté, en 41o, le siège de l’empire d’Occident, la tradition garda plus de droits, et l’antique maintint son prestige durant toute l’époque de Justinien, en s’influençant de plus en plus du style byzantin. Mais, à Rome, la guerre des papes contre les Iconoclastes, de. 7t7 à 842, la restauration prématurément tentée par Charlemagne, n’aboutirent qu’à un rigorisme fatal aux velléités artistiques. Si les Iconoclastes s’oppo-saient à toute représentation du divin, la papauté ne la désira qu’à la condition de la régenter sévère-ment. En 787, le concile de Nicée admit bien que la peinture fût d’une grande utilité pour servir d’exemples édifiants par l’image, mais il lui imposa « une législation et une tradition approuvées par l’Eglise, la pratique seule étant l’affaire du peintre, la tradition venant de l’ordre et de l’intention des saints Pères n. Et, en 787, le synode de Constan-tinople admit bien la peinture et le bas-relief, mais interdit la ronde-bosse. Cette décision de l’Eglise devait peser durant quatre siècles sur toute l’imagination artistique. C’est contre elle que les Trecentisti et les Quattrocentisti surtout ont lutté, de Giotto à Lippi; elle faillit replonger l’Art aluns une nuit aussi profonde que celle des catacombes. Mais, parallèlement, l’empire d’Orient s’était fondé. Les éléments asiatiques et helléniques allaient s’y amalgamer : le goût inventif et décora-