LE MOUVEMENT ARTISTIQUE A L’ÉTRANGER clameraient la formation différente de l’ail et de la vision à lorsqu’ils se livrent avec franchise à leur tempérament asia-la latitude de I’lle-de-France ou de Budapest, mais fautai- tique, atteignent â des résultats tout-à-fait différents. Et raient matière à une excellente démonstration de ce fait que c’est la plus grande louange qu’il faille décerner à M. Rippl-si, é la rigueur, Slaves, Viennois et Français peuvent avoir Ronai de n’avoir pas hésité à revenir ses origines. une façon commune d’envisager les choses les plus simples de la nature et la vie, au contraire le Madyar ou l’Oriental, WILLIAM RITTER. ESPAGNE T ‘EXPOSITION d’art décoratif organisée par le Circula de Bellas Artes au Retire et annoacee dans tria précé-dente chronique, a dépassé les espérances qu’on pouvait œnœvoir de cette première exhibition à Madrid des indus-tries artistiques espagnoles, car si l’on en constatait la résurrection locale dans divers centres, on n’osait guère espérer en réunir un tel ensemble, encore qu’une judicieuse sélection l’ait réduit à ses éléments les plus intéressants et caractéristiques. L’installation très esthétique (notamment les effets d’éclairage) fait honneur à l’architecte M. Palacios, auteur de la belle fontaine qui orne le e patio « central et dont la conception très moderne marie le stJle byzantin une frise néo-classique. Le clou si de l’Exposition est sans contredit la salle occupée par le grand céramiste Daniel Zuloaga, qui, avec son frère récemment défunt, le grand orfèvre, et son neveu, le grand peintre — dont on voit là l’ébauche du portrait de son oncle reproduit dans son superbe tableau qui vient de triompher à Rome — forme une dynastie d’artistes digne des siècles d’Or. Daniel Zuloaga, ancien éléve de Sèvres, où étudie aujourd’hui son fils et brillant héritier Juan, dans atelier si pittoresque cric improvisé en l’église romaneson de San Juan de los Caballeros à Ségovie, faire revivre avec la vigueur d’un artisan de la Renaissance les meilleurs types et procédés de l’ancienne céramique espagnole suivant des orientations nouvelles. Ses cinquante envois sont des plus variés comme leur matière grés, porcelaines, briques à reflets métalliques, hauts-reliefs, statuaire émaillée, enfin aquarelles, dessins et jusqu’à des panneaux de para-vent puissamment décoratifs et curieusement patinés, qui montrent que son talent de peintre est la base de son iemétier le tout inspiré des traditions et motifs purement castillans dont il ?est comme imprégné dans sa retraite de Ségovie et contrastant avec le caractère trop exotique des œuvres d’autres céramistes tels que Bayarri, malgré tout le savoir-faire de celui-ci. MM. Ruiz Luna et Guijo ont ressuscité avec plein succés la fameuse poterie de Talavera, ois ils égalent les vieux modèles, et M. Corbato présente d’intéressants, quoique peu nombreux spécimens de celle de Triant, à Séville. Il faut d’ailleurs regretter, comme à propos du Salon d’architecture, que, dans cette exposition, l’art décoratif andalou qui a repris três heureusement de nos jours le sens de ses origines arabes, ne soit guère représenté, pour l’ameublement par exemple,un face des installations élégantes et confortables niais d’un goût trOp cosmopolite de Lisarraga et d’Herraiz. M. Enrique Salas rénove adroitement la sculpture sur bois dans ses cadres et ses coffres archaïques et M. Gamonéda, parune notable invention, industrialise, un peu au détri-ment de l’art, la gratin. sur métaux et le damasquinage. Un prètre, M. Grande y Buylla a consacré de louables efforts et une organisatian intelligente à rendre à Porté-vrerie d’église l’esprit artistique qu’elle a depuis longtemps perdu et ses œuvres méritent le renom dont elles jouissent déjà à l’étranger autant qu’en Espagne. Les tapisseries de M. Stuyck, reproduisant des cartons de Goya, sont à la hauteur de la réputation de la Manufacture Royale qu’il dirige. Il faut encore citer les vitraux de Maumejean, les mosaïques de Maragliano, les bronzes de Ballerin, les fers forgés d’Alvins, Gonzalez et Mite Baroja, enfin les tableaux de Bœedito, Mezquita, Médina Véra, Sancha, R. Zubiaurre (dont il conviendrait que les essais décoratifs ne le détournent pas de la peinture véritable) et les sculptures de Blay, Clara, Beulliure,etc., dont sont ornées les salles. Il reste à souhaiter que cette exposition, inaugurée par le roi, déte•mine sur le marché espagnol, trop asservi à l’étranger et surtout au mauvais goût allemand, un courant favorable if la produc-tion nationale quise révèle pleine de promesses. Le panneau de l’ â Annonciation », don de W.& Iturbe au musée du Prado, où il ligure comme œuvre espagnole du xvi, siècle à côté de son célébre homonyme de Fra Angelico, et dont j’ai parlé le mois dernier,est actuellement très discuté par certains critiques, comme M. Domenech, qui prétendent y relever des indices évidents detruquage et connaitre mérne l’atelier madrilène où il aurait été fabriqué, tandis que, en l’absence du conservateur, M. l’Hl& gas, le sous-directeur du Prado, M. Viniégra, en soutient l’authencite. Cc tableau aurait appartenu précédemment aux antiquaires, MM. Salcédo et Garcia Palencia. C’est un nou-veau chapitre à l’histoire des contestations dont les musées sont tour à mur l’objet. Un autre tableau est à l’ordre du jour, moins par sa valeur artistique que par l’interét histo-rique qui s’y attache le seul portrait connu de Cervantès, peint par Juan de Jaurui 1600 et que Cervantès lui-tonit danség la préen face de ses e Novelas Ejetn-plar », mais qu’on avait perdu depuis. Un professeur d’Oves iedo, M. Albiol, l’a découvert et offert à l’Académie espagnole, niais là aussi quelques doutes subsistent. A Madrid est décédé dans une situation précaire, ln paysa-giste valencien Antonio Gomar, dont la manière rappelait assez celle de Fortuny. Les Cortés ont voté la loi sur les ruines et excavations artistiques qui, sans réglementer les fouilles aussi rigou-reusement que la législation grecque ou turque, a pour but d’empécher la destruction ou l’exportation des vestiges d’art préhistoriques, antique ou du moyen àge, et dont l’auteur, le ministre de l’Instruction publique M. Jiméno, a été chaudement félicité à cette occasion par l’éminent archéo-logue marquis de Cerralbo. 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