LA PEINTURE FLAMANDE sauce entre les anisées 1370 et 138o, mais on ignore même quels furent ses maîtres. Tout ce que l’on sait de façon certaine se résume en ces quelques lignes: Il vient à Gand, il est choisi par un riche patricien de cette ville, Josse Vyt, seigneur de Pamele, pour peindre le retable de l’Adoration de l’Agneau. En 1424, il reçoit la visite des magistrats gantois, et meurt le té septembre 1426. En dépit de l’opinion de la plupart des his-toriens d’art, il y a lieu d’admettre, avec M. J. Des-met, qu’Hubert van Eyck fut le plus génial des deux frères, puis-que seul il com-posa et pour la plus grande part peignit le retable de Gand, consi-déré à juste titre comme le plus pur chef-d’œu-vre de la pein-ture flamande primitive. Cette appré-ciation concorde d’ailleurs avec une inscription contemporaine relevée sur les volets du polyp-tyque conservés a Berlin, où Hu-bert est qualifié comme étant « le premier de son art ». On saitaussi les hon-neurs exception. nels qui lui fu-rent rendus après sa mort. C’est devant son chef-d’oeuvre dans la cha-pelle de saint Jean (cathédrale de Saint-Bavon) que le grand peintre fut enterré, et plus tard, témoi-gnage expressif d’une admiration qui revêt un carac-tère de sauvagerie étrange, — mais qui s’explique à mie époque où les danses macabres jouissaient d’une si grande vogue, – l’os du bras qui peignit le chef-d’oeuvre fut exposé comme une relique au cimetière de l’église, o dans une gaine de fer ». Contrairement à ce que nous constaterons dans l’œuvre de Jean, l’Adoration d’Hubert fait surtout songer à un poète débordant d’idéal. Comme ledit M. Desmet, l’auteur semble entré en illuminé dans cette Jérusalem de rêve que nous voyons se profi-ler, au fond du panneau central, clans l’aube mati-nale… La composition n’est pas comme à l’ordinaire un triptyque; Hubert la divise non pas en quel-ques panneaux, niais bien en vingt sujets dif-férents. En vrai peintre mys-tique, il y ren-ferme toute sa pensée reli-gieuse. Il y met la première faute : Adam et Eve; —le premiercrime, conséquence de la chute; – le premier espoir les prophètes; — le premier signe de salut : l’Annonciation. — Puis la Ré-demption sous la forme symboli-que de l’Apoca-lypse; le Paradis, Dieu, la Vierge, saint Jean (pa-tron de l’église) les anges; ceux qui célèbrent leur triomphe par la vois, et ceux qui le cé-lèbrent par le son des instru-ments… Et en-fin, juste hommage aux donateurs, les portraits de Vyt et de sa femme. Comme on le voit, c’est tout un monde. Et cette création touffue était si conforme à l’esprit flamand de jadis que nous la verrons représentée en tableau vivant en 1438, peu après sa mort, par les Rhétoriciens gantois pendant les fêtes qui eurent lieu lors de la joyeuse entrée de Philippe le Bon, après la victoire de Gavere. Phot. 11.parngi. JEAN VAN EYCK — JEAN ARNOLEINI 193