FRANCIS JOURDAIN — LA CRUCIIE ROUGE Le Mois Artistique MINIATURES ORIENTALES, APPARTENANT A MM. KALEBJIAN FRèRES (Galeries Durand-Rue!, 16, rue Laffitte). — La Mode est à l’Orient, aux l’urqueries, aux Persaneries. Mode char-mante, souvenir du xvue siècle qui, lui aussi, s’enticha de ce passé, de ce lointain. Ce qui me fait préférer l’art persan, ou indo-persan à l’art chinois par exemple, c’est qu’il n’y a pas besoin de le comprendre, je veux dire que ses intentions sym-boliques sont nulles, la plupart du temps, et qu’il n’est pas nécessaire de l’aborder avec des réminis-cences d’historien ou de gnostique. Il exprime la vie, décorativement, bizarrement, somptueuse-ment, mais la vie. Vous y voyez des chasses et des batailles et du flanc des bêtes ou des hommes coule, minutieusement, le sang bien naïvement rouge et si joli. Des derviches accroupis rêvent; des jeunes filles, debout ou assises, attendent on ne sait qui, peut-être personne : peu importe, elles sont là, délicates, savoureuses, étranges; des men-diants passent, appuyés sur leurs bàtons; des princes fument leur houka, en recevant des audiences; des chameaux ou des éléphants luttent ensemble; parfois, plus simplement encore, la page se recouvre d’oiseaux volant parmi des fleurs (occasion à conflits de couleurs adorables) ou bien ne montre que des arabesques d’écriture ou de pure fantaisie. Toutes ces choses parlent directement à l’ima-gination et elles suggèrent mille rêveries confuses qui toutes ramènent au plaisir de regarder encore ces panneaux précieux. Libre à lions de savoir, de 225 3