L’ART DÉCORATIF lard porté sur les épaules d’un jeune homme; de même qu’on remarque sur d’autres faïences : le Parnasse, le Mariage d’Alexandre el de Roxane, le Jugement de Paris, la Vierge au Poisson, La Manne, Psw-hé et l’Amour, Pol»hénie el Galatée, Jupiter et fanon, llei•cole el Omphale d’après Raphaël, Hercule étouffant Antée d’après Mantegna, les Grimpeurs d’après Michel-Ange. Mais presque toujours, ces modèles sont dénaturés, simplifiés par l’artisan, qui n’hésite pas à supprimer telle nuance, tel personnage, à réduire l’actions à ses éléments essentiels, bref à synthétiser et grossir, toujours en rue d’une action chi-mique. Et l’on peut affirmer que ces soi-disant modèles ne sont plus que des réminiscences, qu’ils ont servi de point de départ, de donnée sentimentale pour plaire au goût du public et satisfaire aux commandes, mais qu’ensuite l’ar-tisan s’en est affran-chi, et qu’en traitant si librement le sujet, en le rendant orne-mental, en lui appro-priant la bordure, il l’a fait sien et com-plètement renouvelé. On s’est étonné qu’au lieu de se servir de ces gravures, les céramistes n’aient pas demandé à des artistes des composi-tions originales faites exprès pour l’objet à décorer; et l’on a cité comme un cas excep-tionnel le cas du duc Guidubaldo faisant appel à Battista Franco, peintre de Venise, à Raphaël del Colle, pour fournir des modèles aux céramistes contemporains. Ceux qui s’étonnent croient que l’idéal de la céramique consiste à se rapprocher le plus possible des effets de la peinture à l’huile. Ils commettent l’erreur que commettait Ingres, et pensent comme Vasari, quand il écrivait, à propos de Luca della Robbia : s I/ a /vin/ é plus certaines guirlandes avec des bouquets de fruits el de feuillages si vifs el si naturels qu’avec un pinceau on ne ferait pas mieux en un tableau à l’huile.» Mais ils ne cons-prennent pas les véritables lois de la céramique. Si les céramistes italiens n’ont pas fait appel à des peintres pour leur fournir des modèles, c’est qu’ils connaissaient ces lois et préféraient combiner eux-mêmes des harmonies décoratives qu’ils savaient à l’avance susceptibles d’être traduites. Si Luc:1 della Robbia a si bien réalisé son idéal, c’est qu’il était à lui-mène son propre sculpteur, c’est qu’il modelait la terre glaise et ne lui faisait exprimer que les nuances capables de persister sous le manteau glacé de l’émail. D’autre part, il restait toujours dans ses colorations d’une extrême sobriété, n’uti-lisant guère que le blanc, le bleu, quel-quefois le vert, rare-ment le brun et le jaune en touches. On peut déduire de la céramique italienne les principes sui-vants : 1. Le décor es la fiirine doivent étre ap-propriés à la unifié, ; 2° L’arliste qui décore doit élue en l’aime temps l’artisan qui dirige la cuisson. Dans quelle me-sure les artistes mo-dernes qui exposent aujourd’hui au mu-sée Galliera leurs faïences, leurs grès, leurs terres cuites, obéissent-ils à ces principes? Dès le vestibule, dès le jar-din de la cour d’en-trée, nos regards sont fixés par une série de productions qui, je crois bien, en sont la violation flagrante. Les vases, les deux cache-pots (tètes de chats), d’après Devicq, le lévrier, d’après Valton, le groupe ale communiantes, d’après M. ». Girardot, exécutés en grès par la Manufacture nationale de Sèvres, ne lui font pas honneur. Ils sont la démons-tration évidente que l’on ne saurait impunément séparer en céramique la conception de l’exé-cution, et que l’enseignement de Sèvres n’éta-blit pas une corrélation assez étroite entre ces deux phases de l’oeuvre d’art. Il me faut faire exception pour ur un vase de jardin modelé d’après Cros iu (sic). La formule du catalogue est ambiguë, Pbol Krbelë. EMILE DECCEUR — VASE DE GRES 221