ANTOON VAN WELIE Hollandais d’origine, ayant passé toute sa jeu-nesse aux mêmes lieux où s’éveilla le génie de cette magnifique pléiade de grands réalistes qui va de Bouts et de Lucas de Leyde à Terburg et Metsu, en passant par Rembrandt, Franz Hals et Gérard Dow, Antoon van Welie fut de bonne heure d’humeur nos-talgique. La cu-riosité, l’inquié-tude qui sont en lui se satis-font mal à péné.. trer les choses et les êtres plus ou moins ba-nalsqui l’entou-rent. Il voyage, en Italie, en Grèce. Son es-prit s’évade vers les grands sou-venirs, vers les contes chiméri-ques. D’irréels ou de surnatu-rels héros capti-vent son coeur, et il consacre son pinceau, avec toute la chaleur dont il est capable, à évoquer en des effigies émou-vantes les idé-ales créations jaillies du cer-veau des poètes ou écloses aux pages de la Lé-gende dorée. De-vant les produc-tions de cette période, Arsène Alexandre le qualifie « pré-raphaélite et rut.Dix.. Jean Lorrain, que son art de rêve conquiert de prime saut, le sacre a le dernier et le plus nostalgique des peintres légendaires », devinant en lui l’illustrateur prédestiné de ses fan-, taisies prestigieuses. Puis — quelque lointain atavisme opéra-t-il un offensif retour ? l’artiste finit-il par trouver déce-vante la chimère qu’il avait poursuivie avec une si belle conviction ? le milieu même qui l’environne sollicite tout à coup son attention ; la vie toute simple de tous les jours lui réapparaît intéressante; il se retrempe, pour ainsi dire, dans la pure nature: heureuse halte ! Le Hollandais, le réaliste prend sa revanche. C’est alors que voient le jour ces véri-diques images de la Jeune Fille de Volendam, de la Jeune Hollan-daise au Chai et ces Deux anciens de Volendam, aux yeux vides de toute idée, aux trognes ru-bicondes, ver-nies et revernies de hâles succes-sifs, aux écla-tantes vestes rouges, d’un rendu serré, d’une merveil-leese précision, oeuvre forte et vivante que l’Etat français a eu le bon goût d’acquérir à la dernière exposi-tion des oeuvres de l’artiste. Dès lors, M. Antoon van Welie est par-faitement sûr de son métier, un métier savou-reux, person-nel, original, souvent difficile à analyser, tant les matériaux s’y mêlent, sa-vamment dosés par un alchimiste expérimenté, tant la touche en est aisée. Point de virtuosité, non, — cas presque rare en ce temps de tours de force et de clowneries variées. M. Antoon van. Welie est un observateur trop avisé, un artiste trop perspicace pour n’avoir pas LA FEMME AU MASQUE 211