L’ART ET LES ARTISTES sujet peut frapper la mémoire et assigner d’étroites limites au goùt des amateurs. A cette époque, les aquarelles et les peintures de Maurice Asselin représentaient des bords de Seine, les quais, les bassins de la Villette ou de Rouen, des bateaux, et ces paysages riverains où l’eau grise, sous des e ciels brouillés », semblait refléter pour les hommes de notre àge toute la déception et la vague Nous le comprenons aujourd’hui et, s’il me fallait l’expliquer, je remonterais dans la vie de ce peintre jusqu’à l’enfance qui fut la sienne à Orléans et qui l’imprégna si profon-dément de la douceur de son ciel et de ses paresseuses eaux. De cette enfance, passée en partie, et comme inclinée pour la vie, sur la Loire au cours lent et moiré, cet autre détail a bien, je crois, son importance : il a trait FILLETTE AU JARDIN nostalgie d’une impossible « invitation au voyage » et peut-être, après tout, au goût secret de l’aventure. Est-ce que Marquet porta jamais en lui pareils désirs? Il peignait gris, il notait jusqu’au vif de l’âme la nuance et, disons-le, pour établir entre deux géné-rations une séparation absolue, a rien que la nuance ». Je veux bien croire qu’on ne voyait pas autre chose chez Maurice Asselin. Mais d’où venait que, dans ses toiles, nous sentions nettement l’inquiétude et le tour-ment d’une sensibilité tout à fait différente? au décor dans lequel vécut Asselin et dans lequel il a grandi, pressé par lui de toutes parts, enveloppé par lui, formé à son image et inconsciemment nourri de son atmosphère d’exception. C’est dans l’ancienne rue des Hostelleries-Sainte-Catherine, que naquit Asselin, et ses parents y tenaient la meilleure auberge de la ville. Qu’on imagine, sur un enfant, l’em-prise quotidienne d’un intérieur semblable, avec ses tables luisantes, ses meubles polis, sa cuisine aux cuivres brillants, ses lumières 392