L’ART DÉCORATIF à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’une lettre gra-vée. Pourtant, l’on comprend fort bien que le concur-rent qui se bornerait à faire un diplôme purement typographique aurait de grandes chances pour ne pas remporter de prix. Il faut que cette lettre soit accompagnée d’une composition qui fasse corps avec elle et comporte une réelle expression d’art. Or, on ne suturait trop supplier les concurrents de ne pas se laisses; aller à chercher, par une débauche de figures, à symboliser complètement ]’oeuvre si complexe d’une exposition universelle. S’ils s’ef-forcent de synthétiser, en des signes conventionnels, ces signes dont le maniement est si délicat, si dan-gereux, tout ce que le génie humain est appelé à Montrer ans grandes assises de 19oo, ils n’y pour-ront parvenir qu’au détriment de l’art ainsi dépensé à traduire des pensées qui ne sont pas de son do• moine, et ils n’y atteindront pas sans des compli-cations voisines de l’obscurité. Certes, s’Il se trouvait un artiste doué d’un cer-veau assez puissant, assez heureux pour enfermer dans Iule conception le maximum de pensée inter-prétée avec le maximum d’art, cet artiste là serait un homme de génie, et il n’y aurait (m’a s’incliner ; malheureusement cet oiseau rare ne s’est pas encore révélé ; je ne voudrais décourager personne, mais il y a des constatations qu’il est permis de faire, parce qu’elles sont du ressort étroit de la vérité. Ce qu’il faut donc, c’est que les concurrents se bornent à créer une belle affiche décorative, pour y insérer la lettre du diplôme, une belle affiche où fis auront fui les tentations d’inutiles déclamations de geste ; où ils auront eu l’audace de vouloir res-ter simples, magnifiquement simples. Qu’ils sortent, s’ils le veulent, de la forme rectangulaire ; qu’ils s’écartent de la formule cadre ; qu’ils divisent en plusieurs cartouches la place nécessairement réser-vée aux mentions écrites.; ils ont le droit d’user de toutes les libertés, de toutes les licences ; suais que leur oeuvre participe d’une esthétique élevée ; qu’elle ait la noblesse, la grâce ou l’esprit même ; qu’elle ne soit pas un pastiche de ce qui se fit au-trefois ; qu’elle n’apparaisse pas figée ; qu’elle ait, puisqu’elle servira à récompenser, dans toutes les. ordres de production, l’activité, l’Intelligence, l’effort, qu’elle ait en elle le mouvement, la vie ; qu’elle palpite, dans la beauté de la forme, de ce frisson intime’ aigu, éloquent, qui arrête le regard, et au besoin, émeut le coeur; qu’elle ait même la passion, si l’on songe que le diplôme sera comme la procès-verbal du progrès social, et que le progrès social doit tendre et se hausser ri l’éternel amour. LA PORTE DE L’ENFER Parmi les nombreuses annexes de l’Exposition de 190o, — avec ou sans passerelles il faut dis-tinguer une oeuvre remarquable de Rodin La Porte de l’Enfer. Ce grand morceau de sculpture sera installé dans le petit square du Pont de l’Ahnit, à l’extri-mité du Cours-la-Reine. C’est à M. Escudier, conseiller municipal, que nous devrons cette exposition, car il a remis M. Bosœard, directeur des travaux de la Ville, un rapport triIs élogieux sur ]’oeuvre nouvelle du maitre qui n’avait pu être placée dans l’enceinte officielle. Cette faveur n’a pu être obtenue facilement, le petit square en question étant déjà [rés demandé par plusieurs artistes. LE PONT ALEXANDRE Ill 1,e dernier arc métallique est posé et permet de se rendre compte des dimensions vraies du pont Alexandre III, en bonne voie de rapide achèvement. Nous avons vu dans les ateliers de MM. Vinet et Pérignon le modèle en plâtre du grand motif allé-gorique qui sera fixé au millets de l’arc du Pont. Le sujet est en cuivre martelé par M. Récipon deux femmes nues, coiffées a la mode nationale de la France et de la Russie, tiennent, dans une atti-tude gracieuse. un cartouche central aux armes de la Ville de Paris. Rous pensons que le sujet sera le même, ou pets près, de chaque côté du. pont. LE GRAND PALAIS On a commencé la mise en place de la grande frise céramique de M. Joseph Blanc, destinée à la façade postérieure du Grand Palais des Champs-Elysées, du côté de l’avenue d’Antin. Il faut attendre, pour en juger, que le travail soit achevé. LA MÉDAILLE DE M. LOUBET M. Chaplain a terminé la médaille présidentielle de M. Loubet qui pourra figurer, l’an prochain, à l’Exposition dans la section de la Monnaie, où elle continuera, pour la grande joie des collectionneurs, la série des médailles qui comprend déjà les por-traits de Thiers, par Ondine; du maréchal de Mac-11,111ms, par Chaplain ; de jules Grévy, par Hassid Dupuis; de Sadi-Carnot, par A. Dubois ; de Casimir-Périer et Félix Faure, par Chaplain. EXPOSITIONS PARIS. — Salon des Beaux-Arts (Société des Artistes français et Société nationale des Beaux-Arts). — Galerie des Machines, jusqu’au 3o juin. Musée Galliera.— Expositions des dessins légués par Puvis de Chavannes à la ville de Paris. Salon du Figaro. —Exposition du peintre Habert e Solanées et Fleurs de chair -. Salon des Cent (Hall de la Plume). — Exposition d’ensemble. Athénée Saint-Germain. — Exposition d’en-semble. VERSAILLES. — Exposition de la Société des Amis des Arts de Seine-et-Oise ; au Château, jusqu’au 1″.’ octobre. LYON. — Salon annuel de la Société lyonnaise des Beaux-Arts ; place I3ellecour. BORDEAUX. — Exposition des Arts industriels et décoratifs ; à la salle des Beaux-Arts, jusqu’au 3t juin. 1E MASS. — Exposition internationale orga-nisée par la ville, du 14 tuai au 31 juillet 1899. VENISE. — Exposition internationale, du zz avril au 31 octobre 1899. BERLIN. — Exposition de la Grosse Berliner — Kunst• Ausstçllung, du 8 mai au 17 septembre. ABONNEMENTS D’ETE A « L’ART DÉCORATIF » Pendant les mois de villégiature, rAsœ Décoratif acceptera de servir des abonnements pour un nombre indéterminé de numéros et pour tous pays. L’envoi sera fait entre deux cartons garantissant l’arrivée en parfait état, a raison de 2 fr. 5o par mois. 140 FIND ART DOC