LE CONCOURS DU DIPLOME L’Administration de l’Exposition a pris une décision que nous avions souhaitée et qui l’honore : elle a luis au concours, entre artistes français, le diplôme des récompenses pour 1900. Le concours a été affiché le 15 mai (c’est-à-dire au lendemain de la parution de l’Art Décoratif) et l’esquisse au premier degré doit être reluise le 15 juin. Malgré le délai très court, laissé aux con-currents, nous donnons ci-après les articles princi-paux du programme officiel. Les dessins seront soumis â mn jury de vingt et un membres, composé du Ministre du Commerce et de l’Industrie, président; de divers hauts fonc-tionnaires ; du Président de la Société des Artistes français ; du Président de la Société nationale des Beaux-Arts; et de huit membres élus par les con-currents. Toute latitude est laissée aux artistes pour la composition de leur sujet. Le dessin exécuté du diplôme aura comme dimensions o m. 55 sur o ; il devra encadrer une réserve qui, sans affecter nécessairement une forme régulière, présentera une surface libre minimum de o m. 50 de longueur et o m. 15 de hauteur. Le premier degré du concours consistera dans une esquisse de grandeur d’exécution, qui devra être déposée au pavillon central du Palais de l’Industrie, porte n. 1, avant le r5 juin, à midi. Chaque envoi sera accompagné d’une enveloppe cachetée, contenant le nom et l’adresse de l’auteur et portant, â l’extérieur, la reproduction d’un signe ou d’une devise figurant comme signature sur l’esquisse. Une exposition publique des esquisses envoyées aura lieu, du 18 au 25 juin inclusivement, clans un local qui sera ultérieurement désigné. Le jugement sera rendu pendant la durée de cette exposition. Le jury désignera cinq esquisses, dont les auteurs seront admis au concours du deuxième degré. Le concours du second degré consistera dans l’exécution complète et définitive, en vue de la reproduction par la gravure en taille douce, des dessins clora ces esquisses auront été adoptées par le jury. Les dessins devront être déposés dans les bureaux du Commissariat général, 2, avenue Rapp, avant le 21 septembre 1899, à midi. Ils seront exposés du 24 septembre au 0′ octobre inclusivement et le jugement sera rendu pendant la durée de cette exposition. Un prix de 10.000 francs sera accordé pour toute allocation à l’artiste classé le premier à la suite du concours du second degré, et son œuvre sera exécutée. Ce prix à forfait comprendra, pour l’Administra-tion de l’Exposition, la propriété exclusive du dessin du diplôme, toute reproduction quelconque étant rigoureusement réservée à cette :administra-tion seule. Urne indemnité de r.000 francs sera allouée à chacun des quatre autres concurrents. L’Administration se réserve le droitde-désigner le graveur qui sera chargé d’exécuter lalplanche. Toutefois, l’artiste dont le dessin aura été adopté présentera, à titre d’indication, une liste de trois graveurs. Après la clôture de l’Exposition publique, un délai de cinq jours sera donné aux concurrents pour retirer les projets non primés. Passé ce délai l’Administration déclinera toute responsabilité en cas de détérioration ou de perte des projets. Une prolongation du délai fixé pour ce concours serait à souhaiter. rt*. Au sujet de ce concours, notre confrère, M. L. Roger-Milès fait, dans u article paru dans l’Eclair, les réflexions suivantesn auxquelles nous nous associons : Quand on se rappelle la série des diplômes dis-tribués depuis quarante ans Min expositions univer-selles, ainsi qu’aux expositions régionales, concours agricoles et autres, on ne peut s’empêcher de frémir à l’emploi immodéré qui y est constaté d’allégories prétentieuses, d’expressions lourdes, de conceptions navrantes en leur banalité. Tout ce que le vestiaire du poncif et du rococo conserve de vieille défroque symbolique a été mis à contribution. Les cornes d’abondance; les lions qui trainent des chars avec leur queue, les hérauts qui tendent le pavillon de leurs trompettes aux espiègleries joyeuses d’amours en sucre, le cortège d’individus en bois qui ont la prétention de représenter des idées, au lieu de concourir seulement une belle expression d’art, et les palmes, et les couronnes, et les glaives — .r, en de pareils décors, le mot e épée ne serait point assez solennel — on a fait abus de tout cela ; on en a mis partout, et il faut en convenir, on n’a imaginé que des feuilles qui nie marquent aucunement dans la production de l’es-tampe décorative de l’époque où elles durent naître, des feuilles qui font triste figure aux murs des foyers industriels oit elles sont accrochées. Il serait à souhaiter que, pour le concours actuel-lement ouvert, les concurrents voulussent bien rompre avec la convention fausse qui s’est imposée, depuis une cinquantaine d’années, pour les travaux de cette espèce. Qu’est-ce qu’un diplôme ? C’est le moment, ou jamais, je pense, d’essayer une définition. Un diplôme c’est une affiche d’intérieur, une affiche… à tirage limité, et qui a même, de par cette raison, une vertu spéciale pour recommander à ses concitoyens celui dont le nom y est inscrit. Donc, la premiére qualité que réclame un diplôme, c’est d’être lisible, facilement lisible ; la lettre à une im-portance capitale dans sa conception. Comprise par une homme de goût, elle peut de-venir un élément décoratif très appréciable. Tous ceux qui ont le culte du livre savent quel régal est pour eux un arrangement de belle typographie ; 139