L’ART DÉCORATIF paru — servir de présentoirs ou de porte-cartes que M. Hestaux expose; ce sont de beaux bibelots, traités avec goût et sortant tout-à-fait de la banalité. Nous arrivons aux décorateurs de surfaces. Aquarelles d’étoffes, de panneaux, de papiers peints, de frises, de papiers de garde . . .. etc. Tout celà collé pèle -mêle, cadre contre cadre, le long d’une cloison qui n’en finit pas. Est-ce l’effet de conditions défavorables, dans lesquelles ces travaux se nuisent mutuellement, ou bien sont-ils de qualité inférieure? Nous ne savons; toujours est-il qu’on n’y voit pas grand-chose qui retienne l’attention. Tout juste avons-nous distingué deux fragments de frises en faïence de M. Aubert (dont une vitrine de dentelles polychromes, à une autre place, montre de nouvelles versions de ces ravissants travaux), deux éventails de M^. Ory-Robin, compositions distinguées et témoignant d’un sens juste de la décoration, où les tons verts des tiges et des feuilles du blé, rayonnant du centre à la bor-dure, sont relevées avec goût sur celle-ci par le jaune des épis; une maquette de store de M. Chanteau, une autre de frise en papier peint de M. Grellet. Evidemment nous en passons .. .. tout ne peut tenir en dix lignes. La solitude des salles d’architecture à l’ancien Salon du Palais de l’Industrie fut toujours pro-verbiale. Le sol n’en fut jamais foulé qu’à de longs intervalles, par quelque couple ex-plorateur arrivant de province, qu’un mauvais vent poussait à son insu vers ces parages dé-solés. Et de fait, si l’on excepte les architectes eux-mêmes, qui peut s’intéresser à cette inter-minable enfilade de chassis couverts de lignes aussi incompréhensibles que les hieroglyphes des temples égyptiens pour qui n’est pas du métier? Et même à ceux qui le sont, que peuvent im-porter, à cette place, ces reconstitutions de monuments antiques, ces restaurations d’églises et de châteaux du moyen-âge qui remplissent, pour une bonne moitié, les salles d’architecture? Qu’il se dépense en ces travaux une grosse somme de savoir, d’accord; mais par quel point touchent-ils à la production artistique dont le Salon représente l’annuel déploiement ? L’érudi-tion et l’art sont deux. Dans une publication d’architecture, il y a douze ans — un siècle! — nous eumes, au grand scandale des gens du métier ses lecteurs, l’audace de soutenir que le Salon étant la place où l’artiste montre son oeuvre au public, l’archi-tecte devrait avant tout viser à rendre les beautés de la sienne tangibles à tous. Evi-demment, celà n’est pas facile, et c’est dispen-dieux. Mais mieux vaut encore, disions-nous, se contenter d’une exposition de perspectives, de maquettes et de fragments en nature, in-complète, superficielle, mais intéressant tout le inonde, que ce déploiement dans le désert de superbes lavis, dont le moindre tort est de faire perdre une somme énorme de peines inu-tilement, puisqu’en architecture, le dessin ne peut être une oeuvre d’art en lui-même, mais seulement l’instrument de communication et d’exécution. En ce temps-là,. la Société Nationale des ar-tistes n’existait pas encore. Quand elle se fonda, un très-petit nombre d’architectes seulement y entra ; mais la qualité suppléait. C’étaient des hommes d’avant-garde, M. de Beaudot à leur tête; les remarques qui viennent d’être résumées, ils les avaient faites comme nous, mieux que nous. Ils surent donner une forme intéressante à leur exposition, et si la foule ne se pressa pas dans les deux salles qu’ils occu-paient au Champ-de-Mars corniste dans celles des peintres, au moins ne les traversait-on pas au pas de course. Aujourd’hui, la commission de la Société Na-tionale groupe avec raison avec l’architecture les arts qui d’y rattachent le plus directement, ainsi le meuble et le vitrail. C’est d’autant plus facile que les architectes modernistes, embrassant leur art dans toute son étendue, consacrent à la composition des intérieurs une partie, et non la moindre, de leur talent. Les salles d’archi-tecture sont devenues «amusantes•, comme les autres; on y va, on y séjourne. Encore quelques années, et l’on s’efforcera de débrouiller le sens des fâcheux chassis, maintenant qu’ils se tiennent discrètement à leur place, explication abstraite d’ensembles dont les fragments en nature frappent et retiennent d’abord. – MM. Ch. Plumet et Tony Selmersheim ex-posent la décoration murale et les meubles d’une salle à manger, incontestablement une de leurs meilleures oeuvres. Peu d’artistes ont de l’art domestique une conception si juste que MM. Plumet et Tony Sehnersheim. La dose de décoration sculpturale et picturale convenant à un intérieur, et à chacun des objets qui le composent, est réglée par eux avec la sûreté du chimiste pesant les ingrédients d’un mélange sur la balance de précision. Il n’y a pas un détail de trop, ni de trop peu. Avec l’élégance du dessin, et la traduction judicieuse des con-venances des fonctions, leurs travaux donnent un des types de l’intérieur confortable, élégant et de bon goût. M. Henri Sauvage peut aussi prétendre au titre de représentant des traditions françaises dans le meuble moderne. Son ,