L’ART DÉCORATIF Regrettons l’absence à la sculpture de MM. Alexandre Charpentier et Jean &filer qui ont envoyé des objets d’art et des bibelots et de M. Desbois qui n’a rien exposé; citons les noms de MM. Lefebvre, Léonard, Potier, Vallgren, Escoula, de Mm » Marie Cazin, de Frumerie, Goloubkine et passons à la Société des Artistes Français (ancien Salon dit des Champs-Elysées). Là est le dernier rempart des faux principes, de l’éducation malsaine, de la tradition mal comprise et du moulage. Aussi aurons-nous peu à glaner dans cette partie de l’exposition. Arrêtons-nous tout d’abord devant le Balpac de M. Falguière. Celui de Rodin donnait davantage la sensation du génie dominateur. Le Balzac assis que nous avons sous les yeux ne manque cependant pas de puissance. Il scrute intensément la vie qui grouille autour de lui, mais il la voit de moins haut, avec une moindre généralisation que l’autre, celui de l’an dernier, qui, debout, laissait dédaigneusement déferler à ses pieds la foule méprisante et ignare. Quelqu’un a dit que Falguière avait vu en analyste et Rodin en synthétiste. C’est juste et ces deux formules peuvent être bonnes; les deux grands artistes l’ont prouvé. Ajoutons que M. Falguière exposait aussi cette année le buste de Madame Bréval, l’exquise cantatrice de l’Opéra. De M. Larche, la Tempête et les Nuées latérite tous les éloges. C’est d’un splendide lyrisme farouche. Le visage de la tempête évoque peut-être trop celui de la Marseillaise de Rude, mais l’ensemble laisse une forte impression et le tourbillon de formes s’enclôt dans un contour général harmoniquement tourmenté. Le monument à la mémoire de la tragé-dienne Agar a été confié à M. Henry Cros qui nous donne cette année le buste en marbre sur une cippe emblématique en pâte de verre. Les chairs sont d’un beau modelé, large et sûr. On sait que M. Gardet est le premier de nos animaliers. C’est une manière de psychologie que la façon dont il rend les expressions des animaux qu’il nous présente. Il expose deux lions, l’un en marbre et l’autre en pierre. La Nature se dévoilant de M. Barrias ne manque pas d’ingéniosité dans le choix et la disposition des matières somptueuses qui la composent; M. Théophile Barrait montre un buste de femme d’une interprétation serrée; M. Desruelles intéresse avec un pâtre d’une facture et d’un arrangement personnels et je signale les envois de MM. Léon Gaillard, François Captier, Gaspary, Ludwig Guigues et William Pécou. YVANHOÉ RAMBOSSON. L’ART APPLIQUÉ ET L’ARCHI-TECTURE AUX SALONS Un peintre impressionniste connu, que son talent et son caractère défendent du soupçon de jalousie, mais qui, de même que beaucoup de ses confrères, voit en l’ouvrier d’art ce que le pharmacien voit en l’herboriste, nous disait l’autre jour avec quelqu’ amertune: «Ils nous ont chassé du Salon la Ils, les herboristes, les ouvriers d’art. C’était aller trop loin. A part une unique salle à la Société Nationale des Beaux-Arts (autrement dit, Champ – de- Mars), les objets d’art sont modestement parqués sous le vélum tendu entre les pavillons des deux sociétés. On les tolère à la porte …. ils y sont quelque chose comme le «marché des pieds-humides>, à la Bourse. Et pas le moindre symptôme que cela doive changer; l’importance du bibelot au Salon reste stationnaire depuis plusieurs années. Il n’occupe pas un pouce de plus en 1899 qu’en 1898. Notre ami voyait trop noir, en vérité; et sa mauvaise humeur ne s’expliquerait pas, s’il n’avait d’autre sujet d’ennui que celui-là. Ce n’est pas au Salon que la peinture peut redouter l’assaut. Elle y tient le sceptre depuis un siècle, et continuera d’y régner. Est-ce que la sculpture — ne parlons pas de l’archi-tecture! — est-ce que la sculpture a jamais pu tirer à elle un morceau, rien qu’un petit morceau de l’attention du public au Salon ? On y va quand on est las de piétiner dans les salles de peinture . .. . parcequ’il y a des chaises, des bancs commodes, de l’air, de la fraîcheur, des plantes verdoyantes, de l’eau, de la musique. La sculpture ne gâte rien, elle fait même très-bien dans l’ensemble …. mais combien, dans ce inonde élégant — aussi bien que dans celui qui ne l’est pas — s’intéressent à ces oeuvres, les regardent même autrement que de leur chaise, en causant? Dans les arts, la peinture gardera toujours sur le public pris en masse le même prestige que le théâtre dans les lettres, et pour la même raison. Elle est le plus concret de tous, celui qui retrace sous la forme la plus immédiatement saisissable nos joies, nos douleurs, nos mélan-colies, nos enthousiasmes. Non-seulement pour les esprits incultes, mais pour toutes les na-tures incapables de s’élever jusqu’aux hauteurs de la pensée — et ces natures resteront le grand nombre quelque niveau qu’atteigne un jour la culture moyenne des esprits — la pure et simple reproduction, la photographie en couleurs de la scène émouvante restera l’instru-ment d’émotion par excellence. Vous rappelez-vous ce tableau, il y a cinq ou six ans: une, 99 13• FIND ART DO0