L’ART DÉCORATIF gement le Concert Champêtre, audacieu-sement moderne et poétiquement libertin, du Giorgione, alors que Martel copiait le Bon Samaritain de Rembrandt ; mais, s’il admire les Vénitiens, ce sont les Hollandais sionnistes sans formule et ce traducteur argentin de la vie, dont le vérisme effraie la chaude sensualité de Caro-Delvaille en éclairant à propos le recueillement souriant de Morisset. Des Amis (Appartient à l’État) qu’il aime, les bons Hollandais du foyer candide ; et la grande ombre de Rembrandt lui parle de tout près, comme un ami. Venise, il la connaîtra dix ans plus tard : le peintre emplira ses yeux de ce pittoresque et noble tombeau ; le boursier de voyage en rapporte la Sérénade sur le Grand Canal (Salon de 1902), et ses palais, riches musées, lui révèlent la gloire toute locale du Tintoret. La Hollande, après la Belgique, lui ressus-cite Rembrandt chez lui ; l’Espagne, enfin, lui propose Velazquez, ce roi des impres-Voilà les origines et les voyages de l’intimiste. Oublier le Louvre après l’avoir longuement interrogé, sortir du musée pour retourner à la vie, ne retenir de la parole du maître que l’amour de la belle matière et la conscience artistique, tels étaient les conseils de Gustave Moreau : l’élève n’eut point de peine à les suivre, puisqu’ils répondaient au langage intérieur de son instinct, aux suggestions de son atmosphère et de son temps. L’élève, déjà personnel, est exposant déjà. Le peintre savant n’a pas à chercher 148 FIN AR DO