ÉMILE GALLÉ par le paysage translucide ou par la figure humaine. Il reproduit la faune des mers, il illustre quelque rêve d’une plante symbo-lique. La patine jette sur ces décorations des impressions de saisons, d’heures, de joie ou de mélancolie. Nous avons écrit qu’un vase ainsi orné devient une oeuvre d’art à l’égal d’une statue, d’un tableau ou d’un joyau. On serait tenté de se demander s’il n’y a pas eu profusion dans les recherches de Gallé et s’il en a tiré un parti indus-triel suffisant. Il suffit de ré-pondre que la même objec-tion, faite et écoutée en 1878, en 1884, en 188g, nous aurait fait per-dre et aurait privé l’art du verre de ce que nous voyons aujourd’hui. Son usine était vouée exclusi-vement à l’ar-ticle de luxe ; la rapide vul-garisation, caractéristique de notre époque, et les désirs du public le poussaient à inventer. Les récompenses ont été données — et nous nous sommes toujours employé à faire pré-valoir ce principe dans les jurys — à l’in-venteur praticien et non pas à l’inventeur qui ne court aucun risque, mais qui a une moindre rémunération pour le travail ac-compli par d’autres. En igoo, E. Gallé a renoncé aux fonc-tions de vice-président du jury du groupe XX, afin de ne pas soustraire à la consécration du Jury international ses innovations. C’est à l’acquit des recherches françaises qu’il convient de reporter les procédés nouveaux de Gallé; ces procédés ouvrent au verre ar-tistique des voies jusqu’alors inconnues. Il s’en dégage une grande leçon : c’est que les enseignements de la nature sont utiles aux industries qui procèdent de l’invention. L’oeuvre de Gallé se divise en trois parties : 133