L’ART DÉCORATIF rière. Au risque de se montrer inférieur à son passé, au lieu d’exploiter uniquement le succès, il s’est remis en quête de difficultés. En igoo, Gallé offre de nouveaux procédés de décor en cristal : La patine et la mar-queterie des cristaux et des verres. La patine est donnée par l’action sur la surface du verre pâteux, soit de la durée du chauffage produisant une dévitrification, soit d’une atmosphère spéciale, soit d’empous-verre coloré, des figures déterminées. On les fait pénétrer dans la masse par pression, souvent or, les y enclôt par une couverte. Le principe est simple. Cependant beaucoup de difficultés du-rent être surmontées par Gallé et ses colla-borateurs. Il fallut avoir une palette de verres propres à s’unir avec le même fond sans accidents, il fallut réchauffer les pièces autant de fois qu’il y a de lames de mo-saïque à in-cruster, puis il fallut livrer ces pièces à l’ébarbage, au façonnage ha-bituels, enfin à la ciselure. Ce procé-dé présente un grand intérêt intellectuel pour l’éduca-tion du ver-rier. Il trans-forme le maitre verrier en ar-tiste, en dé-corateur, en coloriste, en paysagiste. Il le met en cause, l’inté-resse au côté artistique et lui procure la satisfaction de la réussite après l’effort accompli. Au point de vue ar-tistique, ce nouveau mode d’opérer à l’aide des nuances puissantes des verres colorés, plongés dans la masse, cela grâce au grand feu des fours, permet d’obtenir un effet dé-coratif qu’il était impossible d’obtenir par l’ancienne manière de faire, alors que ces effets étaient obtenus avec une intensité moindre de température, quand on travail-lait à basses températures dans les ateliers des peintres. Gallé a mis ses nouvelles méthodes au service de son principe : le Décor inspiré par l’observation de la nature. Il se propose un thème littéraire, un texte spiritualiste, un vers de poète, une pensée, et les traduit siérages organiques ou minéraux. Gallé ob-tient ainsi des effets de tissus, de cuirs, de neige, de pluie. On peut craqueler, canne-ler, marqueter, graver et décorer, puis re-couvrir de couches de cristal cette sorte de gangue. La marqueterie sur verre est l’adapta-tion, au cristal, de l’art pratiqué sur le bois. Elle permet au verrier de choisir plus librement ses couleurs, sans être gêné par le problème des dilatations inégales d’émaux et couvertes. Elle lui permet de les varier, plus que par le découpage, dans deux ou trois couches superposées de différents tons. Le procédé consiste à fixer directement dans la matière molle, à chaud, des lamelles de [32