ÉMILE GALLÉ la masse, il s’est surtout préoccupé d’amé-liorer par l’imitations de pierres précieuses les nuances froides ou criardes des cristal-leries. Aux Expositions de 1867, t878, on appréciait surtout la blancheur de la ma-tière. Gallé ne craignit pas d’aller à l’en-contre de cette mode en présentant du cristal blanc souillé d’impuretés, afin de nature: rameaux, algues, mousse, insectes et même ferments (coupe Pasteur). Aussitôt après les Cornets aux Limnés et la Coupe de la nuit, en 1885, nouvelle transformation. Gallé traite les vases de verre comme des caillées, à plusieurs cou-ches. Il reprend l’art des vases de Naples et du British Museum, mais le vivifie par reproduire les accidents naturels des pierres; il eut l’audace, pour l’époque, d’en faire des ornements. Ses colorations nouvelles et neutres, d’après la pierre de lune, le quartz enfumé, l’ambre, se sont imposées. Il s’attaque en même temps à la mode germanique de tailler, au XVII« siècle, les verres comme des cristaux de roche. Il substitue aux côtes plates le relief des enroulements végétaux, la cannelure des vaisseaux séveux, la « nervation » des feuillages. Dès t884, Gallé incorpore au verre blanc, à chaud, des préparations à bases métalliques et des verres pulvérisés, et leur donne toujours des formes tirées de la l’observation de la vie et le sens poétique. Il lutte d’émulation avec Rousseau, lutte courtoise entre artistes qui s’estimaient. Il obtient en 1889 le grand prix de l’Exposi-tion. Il semble que Gallé doive considérer alors ses recherches sur le verre comme dé-finitives et closes, avec les vases d’Orphée et de Jeanne d’Arc et les vases cannés of-ferts au Tsar par la Ville de Paris, avec le gobelet d’Edmond de Goncourt pour M. Al-phonse Daudet, avec le Bol aux Éphénzéres, avec la coupe mystérieuse de la comtesse Greffulhe, la Buire au Coudrier et l’Urne aux ombelles incluses. Mais, de t889 à 1900, Gallé va faire un nouvel effort au profit de la technique ver-131 FIND ART DOC