EMILE GALLE cerie jadis célèbre, mais d’où ne sortaient plus que des produits vulgaires. Sous cette intelligente impulsion reparurent les jolies choses d’autrefois; en cela Gallé fut aidé par l’archéologue lorrain Cayon, qui dessi-nait les thèmes peints ensuite à l’eau sur émail stannifère cru, à la mode de Delft et de Rouen. De cette usine ainsi rajeunie, il sortit les gracieux produits d’autrefois, augmen-tés de choses nouvelles dues à l’initiative hardie de Gallé. Tandis que son père se frayait ainsi cette voie nouvelle, le jeune Émile Gallé, grandissait, poursuivait ses études, et ses goûts le poussaient vers les sciences natu-relles. Sa passion pour les plantes lui met le crayon à la main; jusqu’au moment où il se consacra plus spécialement à la bota-nique, il n’avait dessiné qu’à peine; la bo-tanique décida de son avenir. Ensile Gallé suivit la voie naturelle, en l’élargissant tou-jours’. La vie menée chez le modeste verrier de Nancy était simple, presque austère. Le jeune homme, le jour, étudiait au crayon, à la plume, à l’aquarelle, des plaintes, des animaux, des in-sectes, secondait son père ris lui fournissant de petites compositions flo-rales pour l’ornementa-tion des verres et des croquis d’emblèmes et des devises pour l’illustration des faïences. Le soir, il lisait et annotait la Bible, s’enchantait à s’initier aux imaginations des poètes, se divertissait à feuilleter les recueils de la comédie luit-naine de Grandville. Ce goût se remarque dans certaines productions de la faïencerie de Saint-Clément antérieures à Le lecteur lira avec plaisir les pages magis-trales écrites sur Gallé, il y a deux ans, par M. de Fourcaud dans la Revue de l’Art Ancien et Moderne. 1872 ; nous en possédons quelques échan-tillons: fleurs animées, fables de La Fon-taine, allégories satiriques, etc. Vers 1882, au contraire, dès que l’ar-tiste a conquis la pleine possession de lui-même, se manifestent les hautes inspirations poétiques, les inscriptions tirées de la Bible et de recueils de poésie. Gengoult Prouvé, et plus tard son fils Victor Prouvé, avec qui E. Gallé fut en contact, tous deux dessinateurs — Victor surtout qui fut peintre, sculpteur — eurent tune certaine influ-ence sur le talent de Gallé. De 1862 à 1866, E. Gallé séjourne en Allemagne, à Weimar princi-palement; là, il 127