L’ART DÉCORATIF En 1870 et 1871 un grand changement eut lieu dans la vie de Fantin. Il commença à négliger un peu les copies dans le Musée du Louvre qui l’avaient rendu célèbre. Après avoir si longtemps étudié les maîtres, La pensée du peintre, épris dès sa jeu-nesse de musique et de tout ce qui est beau en musique, se développa auprès de l’artiste qui est devenue sa femme, Mue Victoria Dubourg. Dans un portrait que possède le Musée du Luxembourg elle est la Liseuse qui incline au-dessus du livre entrouvert une figure un peu g pensive, autour de laquelle Fantin a fait jouer tous ces reflets qui font ses œuvres reconnaissables entre toutes. Fantin qui avait habité la rive droite vint, après 187o, habiter la rue des Beaux-Arts d’où il n’a plus bougé. Avant 187o Fantin avait voyagé: il avait vu l’Angleterre en compagnie de Whistler et du peintre Edwin Edwards, la Hollande, plusieurs grandes villes de l’Allemagne du Sud, entre autres Munich et Augs-bourg, dont il vantait le Musée. En 1873, il peignit ce beau por-trait de Men Fantin-Latour; en 1874, ce bouquet de fleurs blanches dans un vase blanc et bleu de Delft, oeuvre admirable que possède au-jourd’hui le marchand de tableaux Gérard. Au Salon de 1874, Fantin en-voyait, sous le ne 702, Fleurs et objets divers. Des amis connus, avant 1870, Georges Cuisis, d’abord peintre de portraits et de paysages, puis peintre de fleurs; Auguste-Louis-Marie Ot-tin, élève de David d’Angers, auteur de la Vérité, statue de marbre ; Whistler, l’auteur déjà célèbre de la Fille blanche (au Salon des Re-fusés, 1863; Legros, qui s’était établi en Angleterre; de Basleroy, et autres, quelques-uns manquaient à l’appel, notamment le peintre Bazile, tué pendant la guerre de 187o dans les environs de Dijon. D’autres, comme Georges Cuisis, aban-donnant le portrait, le paysage, la nature morte, où ils avaient excellé, se donnaient tout entiers à l’étude des fleurs. Le groupe de vaillants artistes formé autour du professeur Lecoq de Boisbaudran se dispersa. Dessin-et tous les maîtres : italiens, flamands, français, il se mit à voler de ses propres ailes. Ce fut alors qu’il esquissa très rapide-ment toutes ces compositions qu’il reprit en ces dernières années, et qui sont les oeuvres de sa maturité, allégories sur des sujets musicaux empruntés à Schumann, à Richard Wagner, à Berlioz, à Rossini, hommages à Victor Hugo, à Eugène Dela-croix, à Stendhal. to8