L’ART DÉCORATIF ceaux de matières boueuses et lourdes. Pour bien rendre Venise, il faut donc d’abord une affinité de nature plus caractérisée ici qu’ail-leurs, les harmonies y étant d’une subtilité plus délicate. Il y a deux ans et demi, la chute du Campanile, en modifiant profondément la fière. Pourtant, peut-être est-ce surtout notre habitude visuelle qui se trouve déroutée; et dès maintenant les peintres découvriront dans le nouvel aspect de la place d’aussi abon-dantes beautés. Mais je ne veux pas oublier l’oeuvre de grande inspiration que M. Marcius Simons a tiré de l’écroulement même du Campanile. J. MORRICE silhouette de Venise, a bouleversé du même coup bien des motifs habituels aux peintres. Venise n’était-elle pas comme décapitée, et dans la vue d’ensemble qui s’impose sur la lagune, ne semblait-il pas que l’élancement du clocher de Saint-Marc, dominé par son ange d’or, fut nécessaire pour contrebalancer la ligne des architectures bordant l’eau et leur donner le relief désiré ? Sans doute, cette pointe, répondant si bien à celle de Saint-Georges Majeur, n’était pas inutile : entre ces deux piliers, l’estuaire du Grand Canal s’ouvrait avec une noblesse particu-Campo S. Giovanni Nuovo Le tableau est pris sur la Basilique, de la Galerie des Chevaux ; et au pied du Palais Royal écorné, ce qui fut la tour de Saint-Marc n’est plus qu’une dune de sable, tandis que par derrière poudroie aussi tout l’or du couchant. Le titre, merveilleusement évo-cateur dans sa concision, est emprunté au livre de Ruskin: Stones of Venice… ‹. Les Pierres de Venise », devenues la poussière des siècles dispersée aux vents. 6z Nous voilà toujours ramenés, par les plus étreignantes révélations de ■