BOMPARD où s’entasse le produit des jardins des îles ou de la terre ferme. Les types vénitiens sont tout à fait dignes d’être remarqués. Ce n’est pas sans raison que les Vénitiennes restent encore aujourd’hui célèbres. On retrouve toujours l’équivalent des modèles du Titien, les che-veux roux, la chair pleine et nacrée. Mais c’est l’allure: générale des filles de Venise qui reste surtout d’un beau caractère, et que Ton ne retrouve que là dans son ensemble précis d’ajustement, d’air et de démarche. Les visages nobles et vibrants, les fronts découverts sous les cheveux lourdement massés dans une torsion sobre et élégante ; puis cet usage du châle enveloppant le corps presque sans plis, et que l’on ramène parfois jusque sur la tete. Le vétement n’accuse ainsi aucune mode éphémère ; c’est une dra-perie qui retombe, comme celles qui ha-billent les statues éternelles. Un caractère à la fois antique et populaire se révèle ainsi. Et dans la longue’ chêne du châle, la dé-marche, laissant traîner les mules, est souple et gracieuse. Le type d’homme, le gondolier robuste et bien découplé, affirme aussi une aristo-cratie de race. Les épaisses boucles noires foisonnent sur le front, qu’ombrage le large Canal Grande F. INAILLAUD