L’ART DÉCORATIF marbres. Y a-t-il, quand on y songe, révé-lation d’une plus insolente beauté, d’une plus magnifique barbarie ? Des morceaux enlevés à Saint-Jean d’Acre ou à Ptolé-maïs, toutes les dépouilles de l’Orient an-tique, ramenés sur les galères victorieuses, viennent s’incorporer à cet entassement est complet, et le monument nous apparait d’une beauté prodigieuse. De l’extérieur, l’ensemble de Saint-Marc, avec ses dômes amoncelés, l’étincellement de ses mosaïques à fond d’or, impose plus à nos imaginations l’idée de quelque palais des Mille et Une Nuits qu’une impression de temple F. TITO bizarre de matières dépareillées, à la fois trophée et ex-voto, où l’on semble avoir voulu d’abord accumuler tout ce que l’on possédait de plus rare et de plus pré-cieux. Au-dessus des cinq portiques reposant sur leurs colonnes massives, assemblées là dé la façon la plus disparate, pourvu qu’elles fussent des porphyres ou des serpentines les plus somptueuses, règne tout de suite sur toute la largeur la galerie des Chevaux, et la façade entière semble s’écraser sous le poids des coupoles de zinc. Et pourtant, malgré cet amalgame déconcertant, ce man-que d’unité et de proportion, l’enchantement 40 Pêche chrétien. C’est un rêve de pur Orient qui se recrée devant nous ; il semble que doive s’a-briter là-derrière la vie mystérieuse d’un sou-verain fantasque et voluptueux, entouré du luxe d’une cour fabuleuse, volontairement enseveli vivant dans sa demeure d’or. On revoit S. Vi-tal de Ravenne, où surgit l’apparition si saisis-sante de Théodora, nimbée comme une sainte. L’effet varie, suivant l’heure et le jour, mais il tient toujours autant de la féerie. Au plein soleil, c’est un éblouissement, où les détails d’architecture sont rongés par la lumière. Les porches se creusent d’ombres, tandis que tout le reste scintille, que le re-vêtement des coupoles participe de l’azur