L’ART DÉCORATIF MORRICE fidèlement les aspects des sites vénitiens sous leur lumière variable, M. Pieretto Bianco. Si M. Fragiacomo, — qui nous apparaît peut-être comme le premier des peintres vénitiens contemporains, par la grandeur simple et vraie de ses ceu-Ç vres, — s’est atta-ché surtout à révé-ler de Venise le ca-ractère des solitudes aquatiques, M. Pie-retto Bianco fait circuler sur les pla-Venise la nuit ces et les canaux cet air dont il s’est nourri, et dont il a saisi toutes les qua-lités lumineuses et enivrantes ; il dé-ploie tous les reflets chantants de l’eau, nouant sans cesse ses écailles de ser-pent aux cent corps au pied des édifices. Il fait éclater, au coin d’un canal, la brusque apparition, si suggestive à Ve-nise, de jardins en fleurs, répandant sur un mur triste toute l’abondance luxu-riante de végétations folles, toute la joie claire des lauriers-roses ou des glyci-nes en plein épa-nouissement, et il-luminant comme d’une grande flam-bée l’eau profonde. Immédiatement sur-git l’évocation, —derrière les grilles rouillées et closes, les degrés de mar-bre trempant dans l’eau, — d’un jardin déserté. Ne sommes-nous pas ici dans une ville entière de Belle au Bois Dormant ? A travers toutes ces suggestions qui vous poursuivent, le peintre, aussi bien que l’écrivain, ne peut manquer de dégager