nation d’une époque et ne décèle la pau-vreté factice de l’inspiration romantique, incapable d’aller au delà de la défroque his-torique ou du décor truqué, de discerner la signification secrète des choses. Il faut attendre quelques années encore pour voir une véritable révélation se pro-duire, -car c’est bien une découverte de Venise qu’apporte Turner à l’art contem-porain ; et cette fois, c’est la Venise rayon-nante, celle des couchers de soleil magni-fiques, dégorgeant par le grand canal en vaste coulée d’or et de feu, éclaboussant le ciel de traînées éclatantes. La splendeur aérienne de Venise n’a jamais été rendue H. AIJL NER -tx Le Palais de Desdémona (Dosse.) 8 A. BESNARD avec plus d’intensité; c’est cette enveloppe d’or que Turner a avant tout saisie, et il n’a eu garde d’omettre l’appareil triomphal des barques de pêche, ces voiles bariolées qui donnent aux vues de la lagune véni-tienne une étrange saveur d’Orient, qui évo-quent le souvenir de toutes les antiques relations avec les pays barbaresques. Les tableaux vénitiens de la National Gallery, — «Le Soleil de Venise», barque de pêcheur arborant tout son pavois et sa voilure, et Pr-ès de Venise, — indiquent tout à fait cette vision de Turner. C’est cela qu’il faut aller chercher chez lui, ce développement de gazes éblouissantes palpitant dans l’air, qui donnent à la lumière de Venise une qualité unique, faite à la fois de transpa-rence et de moiteur, où se combinent la