L’ART DECORATIF H. DE WAROQUIER quelques perles, quelques pierres discrètes s’incrustent, resteront parmi les modèles les plus notables de notre temps. M. Eugène Feuillatre s’affirme avant tout émailleur décorateur. Il rêve d’appli-quer de riches couleurs, des transparences limpides à la lourdeur des métaux, de don-ner un peu de vie, de gaieté aux ensembles monotones de l’argenterie. Il est difficile d’obtenir l’adhérence, il faut compter avec la dilatation du métal, le retrait des cris-taux. Là se manifeste la science de l’artiste. Voyez le drageoir cristal encerclé de filets argent qui forment en se rejoignant trois libellules, dont les ailes, en émaux trans-lucides, se replient sur les flancs du vase? C’est un exemple à citer. J’admire encore une coupe opaline à décor outremer sur trois sauterelles en bronze; des flacons à odeur, émaux trans-lucides, dont les anses comme deux ailes se suspendent à des jaserans d’or; celui-ci, en forme de poisson, écailles, nageoires d’or, bouchon perle, chaînette à grains tronçon-niques de cymophane ; un tour de cou à 22 perles, supportant un papillon fabu-leux d’or vert et d’émail trans-lucide, au centre duquel une tete féminine en péridot, chevelure épan-due, diadémée de brillants; et cet autre en cassidoine, émaux cloi-sonnés et translucides avec éclats de fluors et de spath. Voici des peignes, corne et or, Sur l’un, deux serpents replient leur gueule ouverte sur des vagues d’ami-gorium où flottent trois grenats blancs. Sur l’autre, deux soleils jaunes ocellés de sardoines brunes; au mi-lieu, une marguerite d’émail bleu piquée d’une aventurine. Et deux bagues, en translucides, l’une d’un décor de marguerites, l’autre à la per-sane, en rouge et vert. — Quelques dessins de vases et de plats montrent les œuvres que M. Feuillâtre, un charmeur décidément, n’a pas eu le temps de terminer. H. DE WAROQUIER Peigne