L’ART DÉCORATIF collection de petites pièces en métal et en cuir estampé; nous en reproduisons deux, d’Image» et le portrait de Mme Séverine. Dans la peinture, l’intérêt va surtout aux tableaux de M. L. von Hofmann, dont nous parlons ailleurs. Que dire de M. X. Mellery? Peu d’artistes ont la sagesse de survivre à leur talent; presque tous continuent à vouloir pro-duire quand, l’âge venant, ils ne savent plus que se répéter et s’amoindrir. Mais chez aucun, cette fatalité ne s’est accomplie de si bonne heure que chez M. Mellery. Et le pire est, que lui qui, aux beaux jours de son talent, fuyait la publicité, cherche aujourd’hui toutes les occasions de mettre en évidence des oeuvres qui ressemblent à celles d’autrefois comme la nuit au jour. M. Mellery, qui n’a que 55 ans, avait jadis quelque chose du charme tranquille de l’inoubliable De Braelceleer; il peignait, avec un souci minutieux du détail et pourtant en sachant les faire vivre, de jolis intérieurs, la maison, le jardin, un peu vieillots, mais ne dé-tonnant néanmoins pas dans le milieu de la peinture moderne, grâce à leur belle couleur, à leur clarté ensoleilleé. Le Salon d’aujourd’hui nous montre une série de taches noires, dans lesquelles on reconnait, en les étudiant à la loupe, les claires toiles d’autrefois badigeonnées d’une teinte qui se rapproche plus de l’enere que de la couleur. Passons sur la belle collection d’originaux de Rops, hommage à la mémoire du grand artiste disparu. Un Hollandais nouveau venu, M. Isaac-son, nous présente un agréable orientalisme, dans lequel l’habileté joue un trop grand rôle pour laisser de grandes espérances d’avenir. Puis viennent d’Espagnat, que Bruxelles ne con-naissait pas encore; Carrière avec son Christ en croix, Brangwyn, Cottet, Raffaelli, avec des oeuvres déjà connues. M. Motte, M. Speekaert, seraient mieux à leur place dans une exposition officielle de chef-lieu de province. M. Greiffen-hagen présente trois portraits tout juste passables. MM. Delaunois, Degouve de Nuncques, V. Gru-bicy de Dragon, F. Hens, Inness, Roche, J. Smits, Van Assendelft, Verheyden, Artot, Berchmans, Bernard et Mli, Boch terminent la série sans éclat, pour mettre tout au mieux. Les dessinateurs sont plus intéressants que les peintres. Nous y retrouvons à la première place M. G. Lemmen, avec un excellent por-trait de jeune fille aux crayons de couleur et de bonnes lithographies; M. Lemmen expose en outre des tapis, un coussin brodé et des papiers de garde. Nous ne faisons que les citer, nous proposant de consacrer prochainement un article à cet artiste. M. Anquetin se montre sous son jour le plus avantageux dans ses 6 hardis dessins à la sanguine; mais ces esquisses largement enlevées feraient-elles le même effet exécutées en grand ? Léo Jo , un pseudo-nyme qu’on voit apparaitre pour la première fois, envoie sous le titre Types, silhouettes, caricatures» une série de pièces gaies de couleur, pleines d’esprit, et d’un mouvement très-dé-coratif. C’est, nous dit-on, le début d’une jeune fille. Nos compliments. Plus loin, l’une des perles du Salon : les illustrations de M. A. Donnay pour ;d’Almanach des Poètes, 1898», au simple trait. Ce que M. Donnay tient de son maitre Rops s’élève à des hauteurs presque classiques dans ces dessins. M. Rassenfosse, autre élève de Rops et membre, comme M. Donnay, du petit groupe bien connu d’artistes liégeois, reste plus près de la manière du maitre dans ses illustrations des «Fleurs du Mal». A citer encore les gravures sur bois en couleur de M. P. Behrens et les monotypes de M. Francis Jourdain. Dans l’art appliqué, peu de choses. Nous sommes loin des surprises d’il y a deux ou trois ans. L’art du meuble n’est même pas représenté. Le plus fort contingent dans cette section vient cette fois des Ateliers Réunis de Munich; ayant déjà reproduit presque tout ce qui compose leur envoi, nous pouvons nous dispenser d’en parler. La céramique est représentée par M. Moreau -Nélaton, dont les belles pièces figuraient déjà dernièrement au Salon des Six rue Caumartin ; par l’Atelier de Glatigny, en grand progrès, par M. Finch, dont le genre s’est transformé depuis qu’il a. quitté Bruxelles pour la Finlande, par M. Max Lâuger de Caris-mhe et M. von Heider de Munich. M. Zitz-mann, de Wiesbaden, présente dés verreries, dans lesquelles il fait le possible pour dis-simuler sous de petites inventions de son crû la manière de Koepping, au montent même où celui ci, voulant que ses ravissants bibelots restent des raretés artistiques, en arrête la production pour ne plus faire désormais que des verres de table. M. Colonna, de l’Art Nouveau, est moins heureux qu’à l’ordinaire dans ses bijoux émaillés ; il prendra sa re-vanche. M. Heaton avec ses cloisonnés, 1W,c de Brouckere avec ses cuivres repoussés, MM. Desamblanx et Weckesser, chefs de la vieille maison bruxelloise de reliure, avec des adap-tations de leur art à des compositions de divers artistes, M. Combaz, avec, outre des dessins, un bandeau de cheminée brodé, dés carreaux céramiques, et une frise en grès exécutée par Muller et reproduite dans le n° 4 de l’Art Décoratif, complètent ce maigre ensemble avec des mérites divers, Mais sans rien de très-saillant.