L’ART DÉCORATIF trouve dans beaucoup d’oeuvres de Hansen-Jacobsen quantité de belles combinaisons de lignes; telles, dans celles que nous reproduisons, celles de la tête p. 277 à droite et celles de la poitrine dans l’idole p. 281. Quant à son symbolisme, le «Militarisme, en fait comprendre le genre; ce n’est d’ailleurs par là qu il faut chercher la valeur de l’artiste ; on doit plutôt lui souhaiter de ne pas se laisser détourner de ses recherches de formes nouvelles en pour-suivant des tendances littéraires. S’il persévère dans cette voie, quels résultats atteindra – t-il? Il est difficile de le dire. Il faudrait que, pris par un architecte pour collaborateur, il trouvât dans cette tâche le véritable emploi de son talent. Pour le moment, ses oeuvres ne sont encore que des unités isolées, dont la valeur ne pourrait être mise en évidence que sur les constructions qu’elles devraient décorer. Il est difficile de comprendre que le seul sculpteur dont l’adaptation de son art à l’archi-tecture soit le but n’aie pas encore rencontré l’architecte qui s’éprenne de lui. Sans doute, c’est son pays, le Danemark, auquel ses oeuvres appartiennent par leurs origines et le inonde de leurs formes, qui le lui fournira. C’est un malheur pour lui de s’être fixé à Paris, car entre l’architecture française et sa plastique, il ne peut exister de rapports. Hors de son pays, l’Allemagne on la Belgique seraient peut-être un terrain plus favorable pour lui. Outre sa sculpture, M. Hansen -Jacobsen s’occupe aussi de céramique, dans laquelle il a fait quelques trouvailles de couleur non sans intérêt. si. G. LE MOBILIER ANGLAIS L’histoire du mobilier moderne anglais com-mence avec l’impulsion donnée à l’art du meuble par la publication, en 1754, de l’ouvrage de Thomas Chippendale «The Gentleman and Cabinet Maker’s Directory» (le guide de l’ama-teur et de l’ébéniste). C’était, en Angleterre, le premier livre traitant exclusivement de ce sujet. Chippendale avait fait son apprentissage chez son père, ébéniste d’art, qui vivait à l’époque du rococo, style contemporain du Louis XV français et lié à ce dernier par une étroite parenté. Tenant de son père un penchant marqué à l’exagération, il fut d’abord forte-rent influencé par les idées décoratives rap-portées de Chine par Sir William Chambers, l’architecte; son livre est plein de fantaisies extravagantes et de réminiscences de l’art chinois. Dans la suite, il s’assagit et ses travaux devin-rent meilleurs. Ses chaises, surtout, dont les pieds de devant finissent en boule ou en pied de biche sont dignes de l’admiration qu’elles ont toujours excité; au point de vue du dessin, elles n’ont pas été surpassées. C’est vers cette époque que fut abandonné le manteau de cheminée, jadis partie intégrale de l’ordonnancement architectonique des in-térieurs. La décoration de la cheminée passa des mains de l’architecte à celle du poêlier ou du fabricant de grilles de foyer, au grand dommage de l’harmonie de l’ensemble. Cepen-dant, à coté des productions malsaines du Louis XV et du style chinois de Sir William Chambers, d’excellents travaux furent exécutés vers 1769 par les frères Adam, architectes et décorateurs. Leur architecture était, dans ses détails, d’un classique raffiné, et leurs décora-tions intérieures conçues dans le même esprit. Les frères Adam se servirent les premiers, dans leur ornement décoratif, des motifs de feuillages et de fleurs, devenus typiques dans la suite. Leurs procédés ouvrirent la voie à Hepple-white, qui publia (1787-91) un album de projets de buffets, de chaises, d’armoires, etc. Les meubles de Hepplewhite étaient exécutés en acajou et bois de rose. Ils n’avaient presque pas d’ornements; leur seule décoration con-sistait en marqueteries de bois durs. Leur beauté d’exécution, comme leur finesse de style, n’a pas été surpassée. Bientôt après (1791— 93), Thomas Sheraton publia un livre de dessins de meubles sem-blables à ceux de Hepplewhite, mais encore plus raffinés dans leurs détails. Fort bien exé-cutés aussi, ces meubles étaient plus ornés; les moulures, les cannelures, les incrustations s’y trouvaient quelque peu en excés. Sheraton procédait d’ailleurs de Hepplewhite, comme celui-ci des frères Adam. Les dossiers de chaises de Hepplewhite étaient habituellement en coeur ou en écusson. Sheraton les fit le plus souvent carrés et dégorgea les pieds. Ni l’un ni l’autre de ces deux maîtres-artisans ne surpassa d’ailleurs l’oeuvre de Chippendale. Le style empire français, qui remplaca la fantaisie libre de ceux de Louis XV et de Louis XVI par sa sécheresse dans le retour l’antique, eut une influence désastreuse sur l’art anglais. Les dessins d’intérieurs de l’architecte Thomas Hope, faits dans ce style, semblent presque ridicules à côté de ceux de Hepple-white et de Sheraton. La restauration de la monarchie en France fut accompagnée d’un retour au style Louis XV, et ce revirement eut encore son écho en Angle-terre. Puis les dessins se modernisèrent en Angleterre comme en France, pour arriver au 258 FIND ART DOC