L’ART DÉCORATIF •(-6– de plus, on dispose aujourd’hui de ressources si variées pour parer les matières et faire’valoir curieusement les particularités de chacune, qu’il n’en est guère qu’un peu d’ingéniosité ne puisse rendre intéressante. S’il allègue que les imperfections d’exécution dans le travail en grand, avec un prix de revient limité d’avance, viendront détruire l’effet qu’il se proposait, on répliquera que la beauté d’un objet n’implique pas nécessairement le fini le plus irréprochable; que si telles formes, par leur délicatesse, l’exigent impérieusement, il en est d’autres qui gardent leur valeur en dépit de quelques défectuosités de détail; qu’il suffit donc de s’en tenir à celles-ci dans les travaux dont nous parlons; qu’en un mot, il est au pouvoir de l’artiste de réduire autant qu’il veut l’influence des imperfections venant de l’industrie sur l’aspect de son œuvre, par le choix judicieux des formes. Par exemple, deux objets du même bronze, coulés par le même fondeur, finis par le même ciseleur avec la même somme de soins et de bonheur peuvent être l’un insuffisant, l’autre très-satisfaisant, si le modelé délicat du premier vaut surtout par des détails que des artisans très-exercés seuls peuvent bien rendre, tandis que le second ne vise qu’au franc et vigoureux effet d’ensemble. L’objection principale, celle dont on ne peut méconnaître la justesse, est qu’après s’être donné la peine de chercher et de créer, l’artiste verrait l’industrie exploiter son oeuvre sans profit pour lui, et sans même que son nom soit connu de l’acheteur. Un fait nouveau est sur le point de se produire, qui non-seulement pourra garantir à l’artiste le bénéfice de son oeuvre en argent et en renom, mais fournira l’instrument de pénétration d’un art populaire — donnons-lui ce nom faute d’autre — dans les couches du public pour lesquelles il serait fait. On a lu dans le n’ 5 de l’,