L’ART DÉCORATIF scènes galantes du XVIIIe siècle, peints par M. Paul Girardet. A gauche, on pénètre dans la magnifique Salle de Jeu, très riche dans sa décoration toute blanche, éclairée par des baies, disposées sous le plafond. Des arabesques à jour et des entrelacs floraux, modelés en staff et dus au sculpteur Seguin,forment l’encadrement de ce plafond. Une gracieuse bordure, traitée de même, entoure à chaque bout la triple baie ouverte et suit en frise les lambris. A remarquer aussi les cinq lustres monumentaux d’une vague allure byzantine, à double cou-ronne de cuivre ajouré et repoussé. Dans le salon attenant réservé à l’écarté, la même frise en relief se poursuit au-dessus des lambris, et un autre lustre surplombe, variante des premiers, piqué de gros cabo-chons sur la monture de cuivre. * . Par son architecture extérieure, sobre et forte, le nouveau Théâtre se relie fort bien à l’ancien bâtiment du Casino. Aux angles, en bandeau sous les combles, ou encore en clef de voûte, au-dessus des larges baies ouvertes sur la terrasse, des détails de sculp-ture, très franchement traités, ajoutent un caractère très vif à la construction. Par cette triple baie, où il faut noter les portes de fer à beaux encadrements déco-ratifs (pavots ou chrysanthèmes), de M. E. Robert, on entre dans un spacieux vestibule, où nous remarquons les encadrements de portes sculptés dans la pierre d’après les modèles de M. Seguin, et figurant une guir-lande d’ombellifères retombantes, d’un joli mouvement. En tribunes s’avancent trois balcons de fer forgé, décorés de roses et de chrysanthèmes, chefs-d’oeuvre encore du ferronnier Robert. Les rosaces du plafond, à motif géométrique, supportent une couronne de lampes électriques. A droite, un charmant petit salon fait communiquer avec la grande galerie du Casino. On s’y trouve plongé dans une dé-licieuse coloration bleu-gris, due au décor de glycines tombant du plafond en dôme, ingénieuse imagination du peintre Rudnicki. Aux encadrements de portes s’épanouissent des branches de cerisiers en fleur. A droite, en sortant du vestibule, on traverse un porche qui vous mène par une loggia à double escalier à la porte à mar-quise donnant sur la rue du Parc. A remarquer la rampe formée d’arums, la décoration peinte de la coupole, faite d’églantines, et la belle grille très sobre où des fleurs viennent s’épa-nouir au sommet des barreaux : les noms de Robert et de Rudnicki se retrouvent encore ici. Enfin, la Salle de Spectacle elle-même, où l’on arrive en traversant le vestibule, ou bien par la droite du Grand Hall, nous ré-serve un réel ravissement. Sa coloration générale, d’un jaune pâle et d’un or discret, est gaie et reposante ; et quand on a joui de l’impression d’ensemble, il faut fouiller tous les coins pour découvrir la richesse d’imagination décorative dépensée, tant dans les peintures de M. Rudnicki que dans les reliefs de M. Seguin. Le Théâtre n’offre sur son pourtour qu’une galerie au-dessus des balcons, ce qui donne beaucoup d’air et d’élégance à la salle. Des bouquets de roses se poursuivent, modelés le long du balcon et dans l’encadrement de la scène. On dirait que cette salle de théâtre est le joyau des Nouveaux Établissements, si les détails observés partout ne nous re-venaient à la mémoire. E. ROBERT rhéAtrel