LA SCULPTURE d’attester, semble-t-il , l’incompréhensible cruauté du sort. Puis voilà une urne funé-raire, cube de pierre au toit en pyramide, où s’encastre sur une des faces, dans un délicieux feston de roses, un bas-relief en marbre blanc. C’est encore une figure du « Monument aux Morts», l’adolescente qui, à gauche, ferme le cortège, et, un ge-nou à terre, se re-tournant, contient d’une main la palpi-tation de sa gorge, envoie de l’autre, avec une suave et mélancolique ar, – deur, un suprême baiser à toutes cho-ses, à la jeunesse, aux fleurs brillan-tes, à la beauté de la terre et des eaux, à la grâce limpide du ciel. A mi-corps, ramenée aux dimen-sions d’un petit bas-relief, l’image ne cesse pas d’être char-mante et symbolique. Elle est toute em-preinte de sentiment païen, elle rappelle les héroïnesantiques, que les poètes nous font voir, sur le point de mourir, adressant de si naïfs, de si tou-chants adieux à la douce lumière du jour. line guirlande de pavots en bronze vert, aux corolles fri-pées , descend du sommet de l’urne où sourit une petite téte ailée, le génie candide du sommeil: Quel ètre jeune et pur, trépassé en sa fleur, devenu poussière légère, va reposer dans cette urne ? Sans doute une de ces filles adolescentes, aux lignes sveltes, aux minces épaules, à la face tendrement pensive, que le sculpteur a l’habi-tude de modeler ; sans doute la soeur de cette «Baigneuse» qu’il expose précisément ici, dans un bronze à cire perdue, offrant aux regards AUX SALONS l’harmonie d’un corps souple et fin, caressé de lumière blonde, mêlant à la saveur de la chair vivante un délicieux parfum d’âme. L’oeuvre funéraire la plus importante du Salon de la Société Nationale porte la signa-ture de M. Vallgren. Le sculpteur finlandais est connu surtout pour les statuettes de V. VALLGREN 227 Monument funéraire de M”, Karanifi e bronze et de terre cuite, précieusement oxy-dées, patinées subtilement, pour toutes ces filles-fleurs », et ces « pleureuses », et ces « inquiétudes » et ces « douleurs » qu’il a modelées, gréles et flexibles, pleines de grâce, mais craintives et frissonnantes, tourmentées par des presciences, ployées sous un impi-toyable destin. J’ai eu l’honneur, au mois de