L’ART DÉCORATIF est une sorte de sculpture qui peut s’accom-moder de dimensions assez importantes et qui ne dépend pas d’un ensemble architec-tural, qui trouve en elle-même sa loi et sa fin. C’est la sculpture funéraire ; et le culte du souvenir et l’idée philosophique du tré-pas, dégagés de toute préoccupation de dogme, ont suscité au Salon de la Société Nationale les oeuvres les plus neuves, les plus pures, les plus noblement touchantes. Albert Bartholomé, l’auteur du Monu-ment aux Morts ”, a été le créateur de ce mouvement. Le regret poignant de l’exis-tence, l’effroi d’un anéantissement total, la résignation douce aux lois naturelles et par-fois la consolation qui nait de la conception transformiste, de la certitude d’une humble survivance à travers la famille et la race, en un mot l’attitude de l’ame d’à présent, veuve de croyance théologique, privée du tuteur de la foi et penchée sur le gouffre, aucun T. SPICER-SINISON ALEX CHARPENTIER Statuette d’enfant z6 Po, trot( du Prof. Rice sculpteur jusqu’ici n’avait songé à nous exprimer tout cela. M. Bartho-Ipme nous l’a rendu sensible avec ces nudités chastes, discrètement synthétisées, aux traits émoussés à dessein, volontairement énigmati-ques et impersonnelles, qui, dans l’allée centrale du Père-Lachaise, s’acheminent en double et sanglo-tante théorie, vers le portique de l’hypogée ; avec cette femme long voilée qui pleure silencieusement au cimetière Montmartre sur le tom-beau d’Henri Meilhac ; avec cette suave figure que, dans le projet de sépulture exposé l’an dernier, on voit s’élever entre les colonnes do-riques, faisant de la main un geste ambigu, pour réclamer le silence peut-être, peut-être pour promettre une immortalité. L’artiste nous mon-tre cette fois, détachée de la file dou-loureuse et coulée dans le bronze, une des plus pathétiques images du Monument aux Morts e, une mère aux seins flétris, courbant la tête, aveuglée par le flot retombant de ses cheveux, tenant au-dessus d’elle le cadavre convulsé de son fils, afin