J. FRO/IIENT-MEURICE Masque de vieillard (Grgs do Bigot) LA SCULPTURE AUX SALONS A Lsculpture I est peu nom-breuse au Salon de la Société Na-tionale. Alors que des statues de toutes dimen-sions , souvent énormes, encom-brent le hall ré-servé aux envois des Artistes Fran-çais, dans la ro-tonde et le jardin de l’association voisine on ne compte guère plus de deux cent cinquante oeuvres, la plupart de proportions modestes, bustes ou statuettes, à la mesure de nos apparte-ments d’aujourd’hui. En effet, les sculpteurs officiels, illustrateurs de monuments et de places, en quête des com-mandes de l’Etat, ne fréquen-tent pas un tel milieu, et l’exhibition des immenses machines décoratives, des In-dustries et des Commerces, des tribuns en chapeau haut de forme et des mobiles en képi, ainsi que des inévita-bles sujets académiques, nous est heureusement épargnée. On peut flâner sous cette coupole, entre ces parterres parés de légère verdure, sans craindre de rencontrer à cha-que pas les froides allégories où se prolongent les influen-ces d’école, les éternels per-sonnages de la Fable, cou-verts des éternels oripeaux mythologiques, les Léda et les Daphné, les Ganymède et les Zeus, et les Faunes pour-suivant les Dryades, et le berger sicilien cherchant sur (PREMIER ARTICLE) sa flûte des cadences dont les pâtres de Théocrite ont emporté le secret. Toute la figuration et toute la défroque du passé ont fait place à des images dans lesquelles les hommes de maintenant tâchent d’exprimer leurs vouloirs, leurs aspirations et leurs réves. La grande sculpture est à peu près défunte. Aussi trouve-t-on ici peu d’ceuvres monumentales. La représentation des per-sonnages illustres, des célébrités politiques et guerrières ne tente pas des esprits enne-mis de l’emphase et de la laideur bour-geoises. D’autre part, l’absence d’une archi-tecture vraiment moderne, édifiée selon un style nouveau et une raison nouvelle, rend impossible les vastes recherches décoratives. Les artistes en sont donc réduits à propor-tionner aux cadres étroits de nos demeures les oeuvres que leur inspire la contempla-tion, des moeurs et de la vie. Toutefois, il J. DAM,