L’ART DÉCORATIF pillon qui a tout le crépuscule de la pha-lène, tout le chatoiement de l’aurore dans la soie de ses ailes. Plus loin, un diadème de corne sombre, représentant une branche fleurie, avec quelques éclats de gemmes, en-richissant précieusement le bijou. Un peigne de corne claire, en forme d’algue souple patinée d’un ton insaisissable, qui du violet descend vers l’écaille blonde, un diadème neuves et suaves. C’est l’exposition du Maitre Lalique, maitre ès arts, ès goût, sous les mains duquel les ivoires, les émaux, les pierres précieuses prennent une teinte plus claire, plus riche, plus chatoyante, sous les mains duquel la corne arrive à des transparences bleuâtres, ou rouge foncé, stu-péfiantes méme pour les chimistes les plus experts. Et les mots semblent pauvres, les adjectifs incolores, pour décrire toute la magie de son talent, la fierté de son goût unique et toujours renouvelé. Rien ne dira mieux mon admira-tion pour Lucien Gaillard que le fait de le citer auprès de Lalique. Il expose un diadème, encore que diadème ne soit pas le mot très juste, une coiffure faite de grosses marguerites jaunes en corne translucide d’une grâce •de fleurs vivan-tes, un autre diadème, fait d’une algue de corne accrochée à une énorme opale, un léger collier de fleurs en pâte de verre clair, reliées d’un fil à peine vi-sible. une plaque de cou en chrysan-ilienies clairs d’ivoire et diamants, une broche faite de deux Heurs d’ivoire un peu nuancées au centre, deux colliers avec pendentifs, colliers légers, souples seyants, terminés l’un par un oiseau proie qui tient une pierre précieuse ni re ses serres, l’autre par une hiron-delle aux ailes éployées. Deux éventails ciselés, patinés et harmonisés d’ivoire clair et teint, de corne et de perles, trois coquilles d’épée en fer ciselé enrichies de turquoises, d’un, art admirable, et enfin tin peigne de corne tout simple décoré d’un saphir jaune et d’un épi d’or eiœlé. Et c’est en ce peigne tout uni, si éteint de ton, à peine travaillé et si exquisement artistique, que Gaillard me semble avoir donné la plus jolie note de son très grand art. Fouquet et Desrosiers exposent trois pa-rures de tête en corne souple, ornementées d’émaux et de perles, qui sont les trois types mêmes • de la coiffure féminine, trois sortes de diadèmes autour desquels les che-veux doivent prendre une forme gracieuse, trois œuvres d’art très étudiées pour la plus grande glorification de la beauté féminine. Je note chez M. Becker deux épingles de coiffure, corne, argent et émail, d’une simplicité très riche et gracieuse. M » Beluze expose une boucle de ceinture en A. tueurs Manches d’ombrelles merveilleux de sylvies, naturelles absolu-ment, groupées en un arc sobre, qui s’har-monise autour de la coiffure; deux aumô-nières, l’une décorée de serpents qui s’entre-lacent en broderies chatoyantes sur le cuir de la pochette, puis ciselés en argent, ser-vant de fermoir au petit sac; l’autre, avec des branches de pommier fleuri pour fer-moir, et ces mêmes branches, brodées en fils d’argent sur le cuir de la pochette, et, entre les branches brodées, des pétales cise-lés dans le métal légèrement sombre. Un peigne de corne ciselée transparente décorée d’une branche de cerises merveilleuses, un autre de pâte de verre d’azur mauve, avec fleurs de diamant, des fermoirs, des broches, d’autres bijoux encore, impeccablement gra-cieux, superbes, et harmonisés en teintes 220 • FIND ART DOC