L’ART DÉCORATIF écueil dont il faut sans cesse se méfier : dormir sur les positions acquises et ne plus évoluer. Sous peine de déchéance et de mort, l’Art nouveau doit se modifier cons-tamment et suivre pas à pas les besoins so-ciaux. Les besoins sociaux, M. Benouville les rent, solide, bien confectionné et d’un aspect charmant ; lit, penderie, buffet, tables, chaises, étagères, tout y est, et tout y garde un par-fum d’art, de rationalisme, de gaîté, de pro-bité, de correction vraiment délicieux. Que nous voici loin du mensonge, du toc, de l’infâme sculpture au couteau, du plaqué E, uALL, a fort intelligemment compris en se préoc-cupant — enfin ! — des petites bourses. Il y a si longtemps — vox clanzans in deserto —que je conseille aux artistes de ne pas se préoccuper uniquement des millionnaires et de travailler aussi pour les humbles, que, je le confesse, la réalisation d’un de mes plus impérieux désirs m’a été au coeur. Pour la somme relativement modique de douze cents francs, M. Benouville a pro-duit un mobilier complet, en chêne appa-Desselle et chaise, qui se décolle, des assemblages qui se dis-joignent, des portes qui gondolent, des moulures rapportées qui tirebouchonnent ! Tous ces meubles laids, prétentieux et in-commodes qu’on vend honteusement cher aux ouvriers et qui leur pervertissent le goût, doivent disparaître. Le mobilier d’un riche bourgeois n’a rien de commun avec celui d’un artisan dont les nécessités de re-présentation n’existent pas. Une ménagère qui cumule les fonctions de cuisinière, de 212 FIND ART DOC