L’ART DÉCORATII-nera un des plus intéressants tournants de l’histoire de l’Art au XIX., siècle. La So-ciété Nationale, qui devrait se montrer fière de son initiative, fière de son succès, fière de son oeuvre, fière des résultats obtenus, semble, au contraire, regretter sa conquête. On dirait d’une poule qui a couvé des canards. Évidemment, sa section décorative la gêne, et elle s’ingénie à la nicher aussi mal peuvent se passer du contrôle des chevaliers du pinceau, de l’ébauchoir et du burin. De pareils procédés dénotent de bien mesquines préoccupations et me rappellent la sugges-tive observation d’un illustre barbouilleur palmé de vert qui refusa de signer une de-mande de ruban rouge pour un admirable artiste étranger, parce que «la Légion d’hon-neur représentait une valeur monétaire au-L. BE1LOUVILLE que possible, à l’antichambre, à l’office ou à la cuisine; elle finira par la reléguer dans les caves, désireuse, avant tout, de mettre en lumière des toiles et des pastels d’une platitude navrante, d’une laideur exagéréé, qui se trouveraient certes beaucoup mieux à côté, dans la partie du Grand Palais ré-servée à la Société des Artistes Français. En outre, il est choquant et inique de con-stater que peintres, sculpteurs et graveurs régissent eux-mêmes leurs affaires, sans in-gérences étrangères, tandis que les artistes du Décor, décrétés, j’ignore pourquoi, d’ir-rémédiable incapacité, ne possèdent le droit ni de se juger, ni de se recruter, ni de s’administrer, ni même de se placer, et ne 11,,Gilier de maison ouvrière près des amateurs et qu’il importait de gar-der cette marque de fabrique pour les Français seuls, afin d’éviter la concurrence extérieure ! Malgré le désir, non dissimulé cette an-née encore, d’annihiler les manifestations de la vaillante phalange qui lutte, avec tant d’énergie, contre la laideur ambiante de l’ameublement moderne, une bonne part de l’intérêt du Salon de 19°3 va aux exposants disséminés, plutôt mal que bien, sous l’es-calier. La plupart de ces artistes ne s’hypno-tisent pas sur une formule unique; ils tâ-tonnent, cherchent, étudient, ne se montrent jamais satisfaits et évitent ainsi le re 210