LA PEINTURE les toiles d’un certain peintre, du nom de Didier Pouget, qui, ayant une fois — il y a déjà de cela de nombreuses années — saisi un effet de brouillard sur des bruyères, s’obstine à en faire vivre depuis sa peinture. Pareil acharnement ne va pas sans outre-cuidance, puisqu’on accorde tant d’intérêt à son petit effet. Il est temps de déclarer à ce AUX SALONS année qui répand le plus puissamment l’odeur de la terre, où l’on sent le mieux passer le soleil et l’air, et tout le tremble-ment des arbres et de l’herbe ? C’est ce ma-gistral triptyque qu’a peint Henri Martin et qui doit aller prendre place dans une des salles du Capitole de Toulouse, en même temps que d’autres oeuvres futures du même R. PRINET peintre si a court d’inspiration que c’est ètre là le contraire d’un artiste ; et cela doit bien l’ennuyer lui-même de faire de la pein-ture, de ressasser interminablement son pauvre tableau. Un peintre qui aime le changement et la vie, le frissonnement de la lumière sur toute chose, c’est M. Émile Claus, un des peintres les plus en vue de la Belgique. C’est d’un oeil infiniment sensible et aigu, dans la perception du clair sur le clair, des taches de soleil sur la neige, ou des jeunes pous-ses printanières sur le crépi d’une maison. Mais sait-on quelle est l’ceuvre de cette Le Pique-nique (Photographie Creva.) artiste. Ce sera là un superbe ensemble, un ensemble de décoration, où pourtant pour acquérir un caractère décoratif on n’a pas cru devoir dégonfler les ,personnages, les dessécher sur le mur, ni dêcolorer ces ver-dures saines et franches. C’est un panorama de nature, fermé par le rideau des peupliers grêles s’appuyant sur un fond de montagnes, qui se déroulera sur les parois, avec les faucheurs au travail, ou les jeunes gens dans une scène d’idylle paysanne, ou la vieille femme qui mène paître sa chèvre. Mais ce développement est harmonieux et rythmique ; les gestes des travailleurs 207